21 septembre 2014 | Blog, Blog 2014, Communication | Par Christophe Lachnitt
De Richard Nixon à Gary Hart, le changement d’ère du journalisme
Les interdits sautent, les politiciens aussi.
L’excellent Matt Bai consacre un article dans The New York Times Magazine au destin de Gary Hart, ce candidat démocrate auquel la Présidence des Etats-Unis semblait promise en 1988 jusqu’à ce soit révélée sa liaison extra-conjugale.
Hart fut le tout premier leader politique d’envergure à voir son infidélité divulguée, alors que nombre de ses prédécesseurs – candidats comme élus à tous les échelons de la politique américaine, jusqu’à la Maison-Blanche – auraient pu être mis à mal pour les mêmes raisons.
Parallèlement à plusieurs évolutions sociétales, ce phénomène résulte surtout de la mutation journalistique engagée par le scandale du Watergate.
Alors que, jusque-là, les journalistes américains tiraient leur pouvoir et leur estime de soi de leur proximité avec les dirigeants dont ils relataient les activités, Carl Bernstein et Bob Woodward, en exposant les dérives de Richard Nixon, inversèrent le modèle journalistique américain. La puissance des journalistes serait désormais le fruit de leur capacité à faire connaître les mensonges des hommes politiques.
C’est ainsi que les médias commencèrent à se concentrer sur le caractère des candidats et élus et délaissèrent de plus en plus les contenus de leurs programmes. Gary Hart, le leader le plus visionnaire de sa génération, fut la première victime expiatoire de ce paradoxal culte de la personnalité.