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Toute vérité n'est que perception

Piégés entre instantanéité et durabilité

Les journalistes semblent de plus en plus écartelés entre l’incontournable instantanéité des médias et la nécessaire durabilité de leurs écrits.

La presse américaine a connu un double soubresaut ces dernières semaines. Deux de ses figures les plus en vue ont en effet été accusées de manquement à l’éthique journalistique :

  • Jonah Lehrer, très jeune journaliste (notamment au New Yorker et à WIRED) et auteur de best sellers a reconnu, après avoir d’abord menti (ce qui, aux Etats-Unis, est encore pire que d’avoir commis une faute), qu’il avait inventé de toutes pièces des citations de Bob Dylan mentionnés dans son dernier livre, Imagine: How Creativity Works (dont j’avais rendu compte ici même sur Superception). Son éditeur a retiré de la vente le livre en question et Lehrer a démissionné du New Yorker. WIRED semble décidé à le conserver au sein de son équipe éditoriale ;

Jonah Lehrer – (CC) kk+

  • Fareed Zakaria, l’un des patrons de la rédaction de TIME et présentateur sur CNN de son propre show “Fareed Zakaria GPS”, a pour sa part plagié, dans TIME et sur CNN.com, un paragraphe d’un article paru en avril dans The New Yorker. Zakaria s’est aussitôt excusé publiquement et a été tout aussitôt suspendu par les deux médias – qui appartiennent au même groupe, Time-Warner. Il vient cependant d’être réinstitué dans ses fonctions suite à une revue de l’ensemble de son travail qui n’a pas révélé d’autres plagiats.

Fareed Zakaria – (CC) World Economic Forum

Certes, les deux situations sont loin d’être comparables : l’invention de citations est plus grave que la reprise d’un paragraphe d’un autre auteur. Mais, dans les deux cas, la source de ces dérapages est la même : la fuite éperdue en avant dictée par la nécessité de toujours produire davantage de contenus pour rester à la Une de son univers : la pédagogie scientifique pour Lehrer, le commentaire politique pour Zakaria.

Aujourd’hui, les journalistes les plus célèbres sont devenus de véritables marques qui se déploient dans autant de médias qu’ils peuvent gérer d’exclusivités contractuelles. De plus en plus, ils utilisent des assistants ou stagiaires qui effectuent des recherches éditoriales à leur place et, parfois même, écrivent des articles qu’ils relisent – plus ou moins sérieusement – et signent. Or, entre ubiquité et acuité, il faut choisir.

In fine, cette fuite en avant illustre davantage à mon sens une insécurité personnelle – parlera-t-on moins de moi si je produis moins ? – (sans même parler d’un éventuel appât du gain) qu’une confiance dans l’impact durable de ses écrits.

A l’âge de l’instantanéité, faut-il vraiment produire sans arrêt pour rester pertinent ? Je ne le crois pas car la pertinence sur la durée relève de la capacité à mettre en perspective l’actualité quotidienne et donc à prendre de la distance à son égard.

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