Le théorème d’Einstein

L’impact du travail journalistique est-il mesurable ?

Un récent article paru sur le site web du laboratoire de la Fondation Nieman pour le journalisme de l’Université de Harvard pose la question de la mesure de l’impact du travail journalistique.

Aujourd’hui, celui-ci est essentiellement apprécié en termes de taille d’audience. Mais la taille d’une audience ne révèle pas l’impact des contenus dont cette audience prend connaissance. Pis, la taille d’une audience n’est pas toujours la meilleure condition pour qu’un reportage ou un éditorial ait de l’impact. Il en va par exemple ainsi si les personnes qui comptent pour faire évoluer une situation politique ne font pas partie de l’audience d’un travail journalistique qui comprend des informations décisives à cet égard.

(CC) Thomas Hawk

Le changement de paradigme qu’il faut mener à bien lorsqu’on veut mesurer l’impact du travail journalistique est de quantifier ce qui se passe après qu’un article ou un éditorial a été lu au lieu d’évaluer le nombre de personnes qui ont pris connaissance de son contenu.

On pourrait penser qu’il suffit alors de déterminer le nombre de personnes qui sont au fait des informations relatées dans le média dont on veut évaluer l’impact. Mais, au-delà des informations, ce sont les émotions que ces informations génèrent qui sont seules susceptibles (lire cet article pour s’en convaincre) de faire agir les personnes et donc de conférer un impact au travail journalistique. Or c’est une tâche impossible d’estimer les émotions créées par un média.

Albert Einstein a écrit que “tout ce qui peut être compté ne compte pas et tout ce qui compte ne peut pas être compté“. Le journalisme fait partie de la seconde catégorie. C’est regrettable, et ce d’autant plus en ces temps où le vrai travail journalistique est menacé par les équations économiques apparemment insolubles créées par l’explosion du numérique.