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Communication.Management.Marketing

Toute vérité n'est que perception

La leçon de management des champions olympiques français de natation

Quel que soit le contexte managérial, l’équilibre est toujours difficile à trouver entre autonomie et collectif.

A cet égard, l’interview de Fabrice Pellerin, coach de l’Olympic Nice Natation – qui compte dans ses rangs les médaillés d’or de Londres Yannick Agnel et Camille Muffat –, avec L’Equipe Magazine m’a semblé très intéressante.

Pellerin insiste sur l’esprit de communauté et la confiance sans faille qui animent la petite équipe qu’il constitue avec les quatre nageurs qu’il entraîne. Il souligne aussi que cette communauté se construit parfois par opposition avec l’entité à laquelle elle appartient, la Fédération française de natation :

De par mon éducation et ma personnalité, je suis plutôt un bon petit citoyen, civilisé, qui obéit aux règles et aux principes. Mais j’ai compris, au fil du temps, que la confiance que me vouent les jeunes gens que j’entraîne transcende tout le reste. Et que les principes qui régissent notre petit groupe sont supérieurs à tous les autres, même à ceux qui sont édictés par la Fédération française de natation.

La responsabilité est un levier fort. Cela donne une force de savoir que l’on avance un peu différemment, en dehors des sentiers balisés. On s’autorise moins l’approximation et l’échec quand on dit : ‘Vous m’emmerdez, je vais faire comme je veux, comme je crois‘. On sait qu’on sera évalué, et avant tout par ses propres nageurs. Cela va loin dans la mobilisation des énergies”.

(CC) Sum_of_Marc

A mon sens, un manager ne peut jamais se construire impunément contre l’organisation au sein de laquelle il agit. Car son action est consubstantielle à cette organisation, sa légitimité en est dépendante. C’est une chimère de croire qu’un manager peut rallier son équipe en se rebellant contre sa propre hiérarchie. Tôt ou tard, le grand écart devient trop douloureux, la malhonnêteté intellectuelle trop visible et l’inefficacité trop handicapante.

En revanche, il est indispensable qu’une équipe, pour être motivée, travaille en confiance, agisse en fonction de principes auxquels elle adhère et se sente responsable de ses résultats. Et il est parfois nécessaire, pour ce faire, qu’elle prenne certaines libertés par rapport au collectif auquel elle appartient sans en remettre en cause les principes les plus fondamentaux.

C’est ce que semble avoir réalisé Fabrice Pellerin vis-à-vis de la Fédération française de natation (FFN). Ses manifestations d’autonomie pour souder son équipe ont ainsi concerné l’accessoire – par exemple la participation à une compétition à Londres en amont des Jeux pour prendre la température du bassin olympique – et non l’essentiel – les valeurs de l’équipe de France olympique ou le refus du dopage.

Un très bel exemple d’équilibre réussi entre autonomie individuelle d’une équipe et intégration réussie au sein d’un collectif plus large.

Avec neuf médailles olympiques à la clé.

7 commentaires sur “La leçon de management des champions olympiques français de natation”

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Votre article soulève une problématique managériale très intéressante et cruciale pour le management intermédiaire. J’y vois deux thèmes fondamentaux que je vais essayer d’exposer le plus succinctement possible, je précise cependant que je ne suis pas spécialiste sportif :
1- Le sens de l’action : Vous rapportez que Fabrice Pellerin dit : « La responsabilité est un levier fort. Cela donne une force de savoir que l’on avance un peu différemment, en dehors des sentiers balisés. » c’est, pour moi, la preuve que ce manager crée son propre espace de management, et les mots « sentiers balisés », laissent penser que la FFN descend trop bas dans l’encadrement de l’action. Je pense que pour manager dans un monde complexe un espace doit être laissé au manager, à la condition que son action s’insère bien dans le sens du collectif, les intentions stratégiques, la mission, la vision, l’horizon du groupe auquel il appartient. Si on considère, ici, que cet horizon est le rayonnement de la France au niveau mondial, c’est réussi. Lui seul sait comment bien gérer ses champions à Nice. Ainsi je suis d’accord avec vous qu’un manager ne peut pas se construire contre l’organisation à laquelle il appartient mais si, tout en respectant les valeurs, mission et vision, il se fabrique, par rébellion s’il le faut, l’espace qui ne lui est pas laissé par sa hiérarchie il fait tout simplement preuve de courage et de leadership.
2- L’instinct grégaire : un des résultats que je trouve étonnant des recherches en neurosciences cognitives et comportementales est l’association étroite qui existe entre confiance en soi et dominance sur les autres. Le coach sportif a un rôle très délicat, et que je trouve assez proche de celui du manager intermédiaire en entreprise, de fabriquer des leaders ; il faut cependant noter que l’importance de ce thème trouve plus de justification dans le domaine de la performance physique. Situé dans les parties les plus anciennes (phylogénétiquement parlant) de notre système limbique (dénommé pas certains « paléo-limbique ») les ressources neurales associées à ce sentiment de dominance sont communes avec tous les animaux grégaires. L’opposition qu’il mène contre la FFN le qualifie aux yeux de ses sportifs comme un dominant auquel on peut faire confiance, que l’on peut suivre. C’est donc un événement qui resserre les liens et favorise les dépassements de soi des membres du groupe (pour prouver à son chef respecté ce que l’on est capable de faire en quelque sorte – on a la niaque – on est assidu dans les entraînements), sans avoir bien tout suivi on a vu l’inverse avec notre équipe d’escrime je pense. L’humain se distingue de l’animal dans son aptitude à utiliser ses instincts sans se laisser mener par eux. Votre article sur les joueurs de handball montre bien ce qui se passe lorsque cette aptitude se relâche. Les débordements, que vous avez bien rapportés concernant l’équipe victorieuse de hand-ball, d’humiliation, d’attaque verbale et de destruction d’objets, sont associés à cette dominance animale. C’est une « attaque de meute » qui a été filmée dans les studios, bien évidemment regrettée ensuite par les intervenants lorsqu’ils redeviennent humains à 100% :-).
Ces seuls deux thèmes sont bien entendu réducteurs. Une alchimie bien plus complexe s’est produite pour nous donner ces neuf médailles et que vous résumez bien par équilibre entre autonomie et intégration dans le collectif. Encore merci pour vos articles instructifs.
Pierre-Jean Arcos

Cher Pierre-Jean,
Merci pour votre commentaire – nous sommes pleinement en phase – et pour votre appréciation de Superception.

Xophe

Bonjour,
Je comprends mieux le type d’approche de vos articles, vos connaissances en matière de management en sont un fil conducteur. Si la démonstration est éclairante en la matière, votre dernière remarque sur le dopage m’inspire une réflexion.
Je pense qu’il s’agit plus de votre part d’une acceptation d’une réalité que de l’attaque globale d’une fédération sportive française.
Ce fléau aurait mérité sa place dans “les principes qui régissent notre petit groupe (-) supérieurs à tous les autres”, car il est par définition toujours “en dehors des sentiers balisés”.
En effet, l’optimisation de la performance fait partie de la compétition sportive, et une fédération peut décider d’avoir recours à des pratiques encadrées pour préparer au mieux le physique de ses nageurs, allant aux limites autorisées par le règlement de l’Agence Mondiale Antidopage. Mais parler de dopage, c’est motiver la prise de produits interdits indétectables ou encore mettre à disposition des cobayes pour tester de nouveaux protocoles et de nouvelles technologies dans le domaine.
Cette mise en danger du compétiteur ne peut être clairement endossée par une fédération, aussi la responsabilité du manager dans ce domaine est totalement engagée, donc plutôt que d’associer le mot dopage dans une même phrase et les valeurs de l’équipe de France olympique, il devrait selon moi être associé à la responsabilité du manager qui est le coeur de votre article.

Cher riphifhy,
Vous avez réduit l’âpreté et le nombre de vos attaques personnelles à mon endroit mais vous ne pouvez vous empêcher de me faire un nouveau procès d’intention : j’accepterais la réalité du dopage, accusation gratuite que vous fondez sur l’extrait d’une citation de Fabrice Pellerin et non de moi.
Par ailleurs, nous différons sur le fond. A mes yeux, la lutte contre le dopage relève des principes fondamentaux d’une fédération sportive et même de ceux d’un Etat via son ministère des sports. La laisser sous la responsabilité des managers donnerait à mes yeux la latitude à certains d’entre eux de transgresser ce qui ne leur serait pas présenté comme un principe fondamental du sport français.
Xophe

Bonjour,
Relisez la dernière phrase de l’article, elle porte à confusion. Aucun procès d’intention ici, j’ai interprété la dernière phrase de votre article à contresens, apparemment. Dans votre réponse, vous parlez de lutte contre le dopage, dans votre article, de recours au dopage. Avouez qu’il y avait de quoi se méprendre.
En tout cas, merci pour votre réponse, sans aucune ambiguïté!

Cher riphighy,
Pour encourager vos nouvelles résolutions :-), j’ai amendé la phrase en question afin de retirer toute ambiguïté à la perception qu’elle peut susciter.
Merci.
A bientôt.
Xophe

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