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Toute vérité n'est que perception

Les médias et Obama : le dessillement

L’amour des médias américains pour Obama n’est plus aveugle. En ira-t-il de même pour les électeurs ?

Lorsqu’il a été élu en 2008, Barack Obama bénéficiait d’une adulation inversement proportionnelle à l’ampleur de son bilan politique. La brieveté de sa carrière au Sénat rendait alors les attaques de ses adversaires plus difficiles. Aujourd’hui, la situation s’est inversée : son bilan politique est riche de quatre années passées au sein du Bureau ovale qui font l’objet d’attaques de toutes parts pour la légèreté de leurs réalisations. Et l’adulation a laissé place, au mieux, au scepticisme.

Les médias sont peut-être les derniers à avoir tourné casaque mais la lecture de la presse américaine à l’heure où s’ouvre la Convention démocrate de Charlotte (Caroline du Nord) est sans appel pour le Président-candidat.

Le premier reproche qui est fait à Barack Obama est d’être un Président comme les autres alors qu’il avait tant promis de changer la politique en unifiant les Américains et en ayant des visées plus élevées que les traditionnelles querelles politiciennes qui animent Washington. Le candidat le plus révolutionnaire de l’histoire américaine récente et leader visionnaire a malheureusement mué, aux yeux d’une majorité d’Américains et de journalistes, en Président conventionnel (pour reprendre l’adjectif récemment employé par le site web d’actualité politique POLITICO). Il n’a brillé depuis quatre ans ni par sa vision politique ni par sa capacité à transformer les règles du jeu gouvernemental*.

Certes, il n’a pas été aidé par une opposition républicaine résolue à le faire échouer mais Bill Clinton s’était sorti d’une situation politique plus dégradée encore au cours de son second mandat après, notamment, l’affaire Monica Lewinsky. A la différence de Clinton, Obama n’a jamais su construire de coalitions d’intérêt bipartisanes. La perception qu’il a inspirée à ses concitoyens en a donc rapetissé d’autant.

De fait, le changement qu’Obama a si puissamment incarné lors de sa première candidature est réduit aux acquêts, c’est-à-dire au fait d’être le premier Président noir de l’Histoire. Pour le reste, l’image quasi messianique de 2008 revient le hanter désormais qu’il s’agit de dresser le bilan de ses quatre années de mandat et de décider de prolonger ou pas son contrat de travail. Sa campagne de 2012 se révèle elle aussi beaucoup plus conventionnelle, parce que beaucoup plus politicienne, que celle de 2008 – j’y reviendrai plus loin.

L’une des racines du mal, reconnue par Obama lui-même (cf. ici), est son incapacité à porter un message résumant son action et auquel ses partisans pourraient s’identifier. Suprêmement doué pour une partie du job de communicant – la rédaction de discours et l’art oratoire –, il pêche dans deux autres domaines qui s’avèrent plus importants pour un Président que pour un candidat : la narration d’une histoire et le contact avec les gens. Le résultat est qu’Obama a beaucoup de difficultés à expliquer à ses compatriotes la raison positive – au-delà de l’évitement d’une présidence Romney – pour laquelle ils devraient le réélire. Cette incapacité est plus flagrante dans le champ économique – où son plan de relance a pourtant remporté certains succès – que partout ailleurs.

(CC) jetheriot

La conséquence de ces errements est la dégradation de l’image d’Obama auprès des Américains et des médias. A cet égard, la meilleure illustration du changement de perception de la presse à son endroit est un article paru ce dimanche en Une du New York Times – quotidien connu pour ses sympathies démocrates – sous la plume de Jodi Kantor, une journaliste très respectée et auteure d’un ouvrage sur les quatre premières années du couple Obama à la Maison-Blanche – “The Obamas” – qui avait fait grand bruit au début de cette année.

Cet article souligne le caractère de compétiteur d’Obama et sa propension à l’immodestie : “Même les proches de M. Obama reconnaissent que sa quête de l’excellence peut se transformer en suffisance et qu’il a tendance à surestimer ses propres capacités“. Cette forme d’arrogance lui joue des tours avec ses interlocuteurs, démocrates comme républicains, qui sont parfois agacés de dialoguer avec un Président qui se pense si visiblement plus intelligent qu’eux. De manière plus anecdotique, il a pris l’habitude d’accueillir les nouvelles recrues de la Maison-Blanche en leur expliquant qu’il accomplirait leur travail mieux qu’eux…

En outre, comme le souligne Jodi Kantor, Barack Obama avait promis en 2008 de changer la manière de faire de la politique et, par exemple, de séparer rigoureusement gouvernement et campagne électorale. Il a abandonné ce principe depuis longtemps, consacre trois fois plus de temps que George W. Bush en 2004 à récolter des fonds pour sa campagne et a même recours aux pires expédients des publicités négatives et parfois malhonnêtes.

Je prends peu de risques en pariant que la couverture médiatique de la Convention démocrate sera plus positive que celle de la Convention républicaine qui a été ternie par les mensonges de Paul Ryan, le manque de charisme de Mitt Romney et l’intervention controversée de Clint Eastwood. Cependant, les prochains chiffres du chômage seront communiqués ce vendredi aux Etats-Unis, risquant de faire retomber le soufflé que Bill Clinton et Barack Obama auront peut-être réussi à créer dans leurs discours respectifs les deux soirs précédents.

In fine, l’Amérique est confrontée à un problème politique que la couverture médiatique actuelle illustre parfaitement : le scepticisme croissant à l’égard de Barack Obama n’est pas compensé par un enthousiasme forcené à l’égard de Mitt Romney.

 

* Dans la Constitution américaine, le gouvernement fédéral est composé de trois pouvoirs : l’exécutif, le législatif et le judiciaire.

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