16 août 2013 | Blog, Blog 2013, Communication | Par Christophe Lachnitt
La n°2 de Facebook se prend les pieds dans ses leçons de morale
Une nouvelle version dévastatrice en termes d’image du “faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais”.
Sheryl Sandberg est, à juste titre, l’égérie des féministes et, plus largement, des partisans de l’égalité hommes-femmes en raison de son exceptionnellement brillante carrière au sein du gouvernement américain, de Google puis de Facebook. Et elle a acquis un statut de quasi gourou de la cause des femmes depuis la parution de son livre “Lean In” et la création de sa fondation éponyme.
Un incident vient cependant de démontrer que Sandberg ne mettait pas ses actes en conformité avec ses paroles : la Fondation Lean In a annoncé qu’elle recherche une stagiaire non rémunérée, ce qui a provoqué un torrent d’indignations et de sarcasmes (voir capture d’écran ci-dessous).
Or, au lieu de s’excuser et de corriger son offre de stage, la responsable éditoriale de la Fondation ne trouva rien de mieux que de défendre son approche mordicus (voir seconde capture d’écran ci-dessous). Ce faisant, elle ne réalisa pas l’aberration de sa position par rapport au credo de Sheryl Sandberg qui enjoint les femmes à être plus ambitieuses, plus résolues à réussir et plus déterminées à exiger une rémunération à la hauteur de leur contribution. Elle créa ainsi un premier écart de perception entre le discours mobilisateur et la pratique dévalorisante.
En outre, il se trouve que cette révélation arrive au plus mauvais moment pour Sheryl Sandberg, alors qu’elle vient de vendre une petite partie de ses actions Facebook (valorisées potentiellement à près d’un milliard de dollars) et d’encaisser un bénéfice de 91 millions de dollars. Cette vente est constitutive d’un deuxième écart de perception entre la richesse de la patronne d’une fondation et les conditions de travail offertes à ses collaboratrices.
Enfin, Jessica Bennett et, parallèlement, la porte-parole officielle de Sheryl Sandberg réagirent sur le plan légal plutôt que sur le terrain des principes sur lequel le discours de l’auteure de “Lean In” est pourtant fondé. Cela représente un troisième écart de perception entre les valeurs affichées et les valeurs appliquées.
Trois écarts de perception aussi importants sont évidemment rédhibitoires.
Lors de la sortie de son livre et du lancement de sa fondation, Sheryl Sandberg avait été critiquée, alors à la marge, pour sa méconnaissance du quotidien des femmes ordinaires et l’arrogance sermonneuse de ses préceptes. Elle démontre aujourd’hui que ces reproches n’étaient pas dénués de fondement.
DERNIERE MINUTE (20 AOUT 2013)
La fondation Lean In a annoncé qu’elle paierait désormais ses stagiaires.
Bonjour Christophe,
Je ne vois pas dans l’offre où il est expressément fait référence à UNE stagiaire 🙁
Cher Laurent,
Il semble que la fondation privilégie l’emploi des femmes (sans discrimination naturellement).
Bien à vous.
Xophe
Excellent billet qui vient s’ajouter utilement à la longue liste des contre-exemples du fameux “Walk the talk !” !
Ca me rappelle une histoire similaire avec Jacques Attali qui lançait Planet Finance pour promouvoir le micro-crédit et qui ne rémunérait même pas ou alors avec quasiment rien les stagiaires !