19 août 2014 | Blog, Blog 2014, Communication | Par Christophe Lachnitt
La faillite éthique du magazine TIME
La séparation entre l’éditorial et la publicité est à la presse ce que la séparation entre l’Etat et l’Eglise est à la laïcité : un principe sacro-saint.
Le groupe TIME, propriétaire de l’hebdomadaire éponyme, détient aussi le plus célèbre magazine d’actualité sportive au monde, Sports Illustrated.
Comme Gawker, informé par le syndicat des journalistes, l’a révélé hier, la direction du site web de Sports Illustrated évalue son équipe de rédaction en fonction de huit critères au rang desquels figure la capacité des reporters à produire des contenus favorables à la relation du magazine avec les annonceurs.
Comme on peut le voir sur le tableau ci-dessous, certains journalistes sont beaucoup mieux notés pour leur faculté rédactionnelle que pour l’attractivité de leurs articles auprès des marques.
Ces appréciations ont notamment été utilisées par la direction du Groupe pour déterminer quels journalistes devaient être limogés. TIME a déjà licencié 500 personnes cette année et devrait, selon plusieurs spéculations, en congédier davantage dans les prochains mois.
On ne peut qu’espérer que cette pratique soit l’apanage de Sports Illustrated et ne s’applique pas à toutes les publications du Groupe, à commencer par le magazine TIME. Même si l’éthique éditoriale ne se divise pas, on ne peut que constater que les relations avec les annonceurs sont moins engageantes pour un magazine dédié au sport que pour un hebdomadaire d’actualité général.
Cependant, une autre décision de TIME est préoccupante à l’égard de son nouveau “positionnement éthique” : son patron, Joe Ripp, a changé la structure hiérarchique du Groupe afin que les directeurs de rédaction rendent désormais compte aux responsables commerciaux.