28 décembre 2014 | Blog, Blog 2014, Management | Par Christophe Lachnitt
L’erreur, gage de performance
Je lisais ce matin, dans le toujours excellent Sports Illustrated (version papier), un portrait de P.K. Subban, star anticonformiste de l’équipe de hockey sur glace des Montreal Canadiens et défenseur le mieux payé de la ligue professionnelle nord-américaine (NHL).
Un passage de cet article, dans lequel Subban explique sa vision du jeu, mérite d’être relevé :
“les fans voient en moi un joueur qui comprend ce que cela signifie de porter le maillot de Montréal. Ce n’est pas la même chose que d’être un bon joueur de hockey.
Durant certains matches, ils ont pu dire que je n’étais pas à mon meilleur mais, jamais, ils ne m’ont sifflé. Les gens apprécient que je n’aie pas peur de commettre une erreur.
Combien de joueurs sont passés par ce club et ont eu peur de jouer ? Ils se disaient qu’il valait mieux ne pas faire d’erreur afin de ne pas se faire remarquer. Moi, d’un autre côté…“.
La technique de patinage et de jeu de Subban est aussi spectaculaire que risquée. C’est elle qui lui permet de réaliser des actions dont les autres joueurs sont incapables et d’être remarqué à l’occasion pour des erreurs qu’ils évitent précautionneusement de commettre. Mais c’est en prenant des risques, en osant sortir de l’ordinaire que P.K. Subban fait gagner son équipe.
En effet, faire mieux, c’est souvent faire autrement. Pour faire la différence, il faut faire différemment. Et, lorsqu’on sort des sentiers battus, on s’enlise parfois. Or le monde de l’entreprise veut opérer dans la fiction d’une activité sans erreur. Peu de sociétés adoptent la culture de la Silicon Valley selon laquelle ceux qui n’ont jamais échoué n’ont pas pris assez de risques.
A mes yeux, l’erreur est gage de performance car l’échec est le lot de ceux qui testent leurs limites et, ce faisant, progressent plus vite que ceux qui se contentent de leur routine.
Je prendrai l’exemple du PDG célébré à juste raison comme le plus grand patron de ces cinquante dernières années pour vous en convaincre. Steve Jobs n’aurait pas fait d’Apple la première entreprise mondiale – après en avoir repris la barre en 1997 à seulement 90 jours de sa faillite – s’il n’avait pas appris de son échec douze ans plus tôt à la tête du groupe qu’il avait cofondé puis de ses difficultés lors de la création d’une autre entreprise, NeXT.
Outre qu’elle est incontournable sur la voie du progrès, l’erreur est aussi le meilleur enseignant. Il ne faut donc pas évaluer les autres sur leur capacité à ne pas commettre d’erreurs, laquelle est plus souvent synonyme de couardise que de génie, mais sur leur faculté à apprendre de leurs erreurs.