28 décembre 2015 | Blog, Blog 2015, Marketing | Par Christophe Lachnitt
Le “visionnage en rafale” transforme le story-telling télévisuel
Cette pratique, dont la désignation anglaise (“binge watching“) trouve son origine dans la notion de beuverie, se développe avec la mise à disposition du public par les services de streaming1 (Amazon, Netflix…) de saisons entières de séries télévisées en une seule fois.
Or le story-telling dépend du mode de diffusion.
C’est pourquoi, par exemple, les épisodes des séries télévisées traditionnelles se terminent souvent par un rebondissement qui crée une attente pour l’épisode suivant, voient leur durée dépendre des grilles de programmation et ont une structure narrative destinée à héberger des pauses publicitaires.
A l’inverse, selon James Poniewozik, critique télévision du New York Times, regarder une série produite par une plate-forme de streaming s’apparente à la fois à la lecture d’un livre – on reçoit la série comme un tout et la regarde à sa convenance – et la pratique d’un jeu vidéo – de par son caractère immersif, l’envie addictive de consommation ininterrompue qu’elle suscite et la compétition que la série peut créer pour voir lequel des membres d’un groupe d’amis ira le plus loin en une seule fois.
Ainsi, alors que la télévision linéaire assume que le temps des téléspectateurs est limité, les plates-formes de streaming veulent exploiter tout le temps libre de leurs abonnés, chez eux comme en déplacement. De fait, ils mettent leurs séries à la disposition du public lors de périodes qui représentent des creux de programmation pour la télévision classique, par exemple le vendredi soir ou durant les vacances.
En outre, la méthode de visionnage des séries de Netflix & Consorts change la relation à l’histoire. Les abonnés qui ne les regardent pas en rafale ont davantage le temps de digérer les différentes trames du récit alors que ceux qui les consomment à la file sont pris plus pleinement dans leur univers.
Last but not least, le visionnage en rafale permet aux producteurs de séries de prendre davantage de temps pour installer l’histoire et les personnages. En effet, les données de Netflix montrent que ses abonnés décident d’éventuellement abandonner une série au bout de trois ou quatre épisodes en moyenne. Ainsi, Ted Sarandos, directeur des contenus de Netflix considère-t-il que, sur les services de streaming, le “pilote” d’une série est sa première saison et non son premier épisode comme sur la télévision linéaire.
Les communicants et marketeurs doivent prêter attention à cette évolution car, avec le succès croissant des services de streaming, elle pourrait modifier à l’avenir les attentes de leurs publics cible en matière de story-telling.
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1 Diffusion en flux.