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Communication.Management.Marketing

Toute vérité n'est que perception

Le bras d’honneur de Paul Pogba ou quand la communication crée la crise

Anne Méaux, la fondatrice d’Image 7, a l’habitude d’expliquer qu'”une bonne communication ne sauvera jamais une mauvaise stratégie. Mais une mauvaise communication peut plomber une bonne stratégie“. Démonstration avec la dernière affaire en date qui déstabilise l’équipe de France de football.

Mercredi soir, les Bleus ont de nouveau peiné à défaire leur adversaire du jour, cette fois la vaillante Albanie. Il a fallu attendre les toutes dernières minutes du match et les arrêts de jeu pour que nos représentent parviennent à créer la différence.

Les deux buts marqués par Antoine Griezmann et Dimitri Payet furent donc à l’origine d’un énorme soulagement chez les joueurs, leur encadrement et leurs supporters. Pour Paul Pogba, l’un des éléments les plus talentueux de l’équipe qui avait été mis sur le banc des remplaçants après sa décevante prestation face à la Roumanie et était entré en deuxième mi-temps contre l’Albanie, ce soulagement fut apparemment plus salvateur encore que pour ses camarades.

Après le second but, il effectua en effet un bras d’honneur, semble-t-il adressé à la tribune de presse du stade. Un geste qui confirme l’arrogance et l’immaturité du joueur mais qui n’a rien à voir avec la gravité des méfaits reprochés dans le passé à Nicolas Anelka, Karim Benzema, Patrice Evra ou Franck Ribéry. Pourtant, tout l’écosystème de l’équipe de France entra en transes et prit des mesures extrêmes qui créèrent une crise au lieu d’aplanir la situation.

Les diffuseurs partenaires des Bleus, TF1 et beIN Sports, ne montrèrent pas le geste de Pogba. TF1 affirma auprès de L’Equipe n’avoir pas dérushé toutes les images de la rencontre. Quant à Florent Houzot, le directeur de la rédaction de beIN Sports, il fut moins hypocrite mais pas moins stupide, déclarant :

J’ai pris la décision hier soir dans le feu de l’action de ne pas diffuser cette séquence dans notre magazine d’après-match. C’est une décision personnelle que j’assume entièrement.

Nous sommes supporters de l’équipe de France et ce n’est pas le moment de créer une polémique inutile. beIN Sports est une chaîne premium qui n’a pas besoin de créer le buzz pour exister. Je préfère rester positif“.

Heureusement pour notre droit à l’information, des chaînes étrangères, au premier rang desquelles la belge RTBF, diffusèrent les images que vous pouvez voir ci-dessous.

Je mettais en exergue, il y a deux ans sur Superception, le mariage impossible entre éthique journalistique et droits de retransmission d’événements sportifs :

Toute chaîne qui acquiert les droits de retransmission d’une compétition sportive (ou de tout autre événement) court le risque de faire passer sa relation commerciale avant la liberté – et donc la crédibilité – de ses journalistes et commentateurs. […] En la matière, le compromis n’est jamais éloigné de la compromission“.

Le comportement éditorial de TF1 et beIN Sports à l’égard du geste de Pogba confirme que la censure règne dans le journalisme sportif. Heureusement, les réseaux sociaux permettent de relayer les images expurgées par les télévisions françaises. La séquence incriminée suscite alors une curiosité d’autant plus forte qu’elle a été cachée, ce qui en fait un brûlot.

L’effet boomerang joue ainsi à plein. L’incident Pogba rappelle de fait l’une des règles du B-A-BA de la communication de crise : le camouflage d’une faute est plus dévastateur que la faute elle-même.

C’est d’autant plus vrai lorsque, comme Paul Pogba, on ajoute le mensonge à la faute. Alors que les images ne laissent aucune place au doute, il affirma :

Je veux dire très sincèrement, mais très fermement que, quelle que puisse être l’interprétation que l’on veut donner des images, je n’ai jamais eu l’intention de ‘manifester’, de m’en prendre à qui que ce soit ou de me venger de quoi que ce soit.

J’étais follement heureux de ce dénouement, et me tournant vers la tribune où je savais que se trouvaient ma mère et mes frères, j’ai fait ma sarabande habituelle, bras en l’air et poing levé. Rien de plus, rien de moins“.

Pogba prend donc les observateurs et le public pour des imbéciles et envenime un peu plus une crise qui n’avait pas lieu d’être s’il avait eu l’honnêteté d’admettre les faits et la vertu de s’excuser.

Je n’apprécie pas du tout Paul Pogba dont je trouve la prétention à être le meilleur joueur du monde en total décalage avec les prestations footballistiques. Je préfère de loin l’attitude d’Antoine Griezmann dont l’humilité est aussi grande que la qualité sur le terrain.

Pour autant, ce bras d’honneur n’est pas l’affaire du siècle. Les grands sportifs sont aussi des êtres humains dont on peut accepter qu’ils laissent parfois échapper la pression de manière maladroite lorsque leur niveau d’adrénaline atteint un seuil critique. Tous les fans de Jimmy Connors et John McEnroe peuvent le comprendre.

S’il est répréhensible, le bras d’honneur de Paul Pogba n’est pas aussi grave que les tentatives, toutes plus maladroites les unes que les autres, de le dissimuler. Celles-ci accréditent à la fois l’arrogance de Pogba, la malhonnêteté de la Fédération française de football et l’incompétence des médias.

Last but not least, elles donneront une occasion supplémentaire à Karim Benzema et Samir Nasri de jouer malhonnêtement les victimes en soulignant la différence de traitement à leur égard.

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