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Toute vérité n'est que perception

Trop de journalisme tue le journalisme

Lors du deuxième débat présidentiel entre Hillary Clinton et Donald Trump, les médias américains fabriquèrent une vedette inattendue avant, quelques jours plus tard, de la déboulonner.

Kenneth Bone, l’un des électeurs indécis qui interrogea les deux prétendants à la Maison-Blanche (sur leur politique énergétique) dans la nuit de dimanche à lundi, créa la sensation par son comportement et son look.

Sa popularité soudaine me donne d’ailleurs l’impression que les Américains eurent besoin de se raccrocher à une forme de normalité – qu’incarne Ken Bone – lors du débat le plus anormal de l’histoire de leur pays.

Son pull rouge fut rapidement en rupture de stock sur les plates-formes d’e-commerce et lui-même fit la promotion d’Uber et de tee-shirts à son effigie.

(CC) CNN via YouTube

(CC) CNN via YouTube

Puis, après quelques jours de gloire, qui culmina avec une session “Ask Me Anything” qui lui fut consacrée sur Reddit, sa chute fut aussi brutale que son ascension avait été rapide.

Des journalistes enquêtèrent sur la nouvelle star et Gizmodo trouva dans son empreinte numérique une remarque peu reluisante sur la mort de Trayvon Martin, un jeune noir désarmé assassiné en Floride en 2012 par un vigile de quartier, et des commentaires pornographiques.

Certains considéreront que, à partir du moment où il voulut monétiser sa notoriété soudaine, Ken Bone s’exposait à ce genre d'”investigation”. D’autres estimeront qu’on aurait pu laisser cet Américain moyen vivre ses quinze minutes de gloire tranquillement.

De fait, Ken Bone n’est candidat à aucune fonction élective et l’humiliation publique dont il fut victime ces dernières heures est davantage le fruit de la recherche de clics que d’une quête d’éthique exemplaire de ceux qui s’y prêtent.

Quoi qu’il en soit, cet épisode met à mon sens en lumière l’un des impacts médiatiques les plus négatifs de la révolution numérique, sociale et mobile : la multiplication sans fin du nombre de médias et de commentateurs individuels sur Internet, favorisée par la gratuité de la production et la diffusion de contenus numériques. Cette évolution présente le paradoxe d’être positive pour la liberté d’expression et négative pour la démocratie.

En effet, elle crée un besoin inextinguible de contenus pour alimenter tous ces médias. Or la qualité de cette production éditoriale ne peut pas être équivalente à sa quantité. Plus le volume de contenus augmente, plus leur valeur moyenne diminue1. Trop de journalisme tue le journalisme.

Tous les médias en viennent ainsi à se focaliser sur des sujets dérisoires car les plus vils contaminent les plus sérieux : par peur d’être déconnectés du grand public, les médias d’information traitent de sujets relevant des tabloïds (voir la capture d’écran de CNN ci-dessus). La surinformation génère une sous-information.

Incidemment, ce risque qualitatif plane aussi sur les programmes de marketing de contenu des entreprises alors qu’elles se transforment en médias : il leur faut s’assurer que leur production de contenus, toujours plus importante, correspond aux valeurs et au positionnement de leur marque et éviter de tomber dans une approche purement quantitative qui serait synonyme de perte de leurs repères.

1 C’est une problématique que j’avais déjà relevée en ce qui concerne la publicité dans le cadre de la popularité croissante des systèmes de blocage.

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