4 février 2015 | Blog, Blog 2015, Communication | Par Christophe Lachnitt
Les problèmes de contenus de Facebook
Le groupe de Mark Zuckerberg a annoncé une modification du fonctionnement du “mur” de ses abonnés pour leur permettre de signaler des actualités fallacieuses.
Cette méthode permettra à Facebook d’affiner la précision de son algorithme et, partant, la pertinence des contenus qu’il présente à ses utilisateurs. Comme Google News, Facebook n’a pas d’équipe éditoriale et se fonde entièrement sur ses systèmes d’intelligence artificielle pour la sélection et l’agrégation de ses contenus. Dans les deux cas, la quantité d’informations diffusées rendrait toute intervention humaine impossible.
Cependant, Facebook emploie désormais à travers les Etats-Unis 600 testeurs qui évaluent quatre heures par jour l’attractivité et la qualité des informations qui sont exposées sur leurs “murs” respectifs. Il s’agit toujours pour le Groupe d’améliorer la justesse de son algorithme et non de mettre en place une direction éditoriale.
La mise en place d’un signalement des informations fallacieuses est louable mais elle est également porteuse d’un paradoxe.
En effet, alors que Facebook tente d’un côté d’améliorer la véracité de ses contenus, il se soumet de l’autre côté à la censure requise par certains Etats. Le plus récent exemple concerne sa censure d’images de Mahomet en Turquie quelques jours après que Mark Zuckerberg eut proclamé “je suis Charlie”. Ce n’est d’ailleurs pas le premier dérapage de Facebook en matière de liberté d’expression.
Le rapport du premier réseau social de la planète à la vérité varie donc en fonction des régimes politiques dans le cadre desquels il opère. Il encourage le dévoilement des mensonges par ses membres tout en se mettant au service de certaines vérités étatiques officielles qui sont une autre forme de mensonge.
Plus généralement, cette attitude illustre la confusion dans laquelle se trouvent un nombre croissant de médias dans leur rapport à la liberté d’expression.
Ainsi, comme l’a relevé le journaliste Michael Calderone sur Twitter, The New York Daily News, qui est certes loin d’être une référence journalistique, a hier montré des images de la vidéo dans laquelle les terroristes du prétendu Etat islamique brûlent vif le pilote jordanien qu’ils avaient capturé au mois de décembre. Mais ce même journal avait flouté la caricature de Mahomet publiée en couverture de Charlie Hebdo après les attentats du mois de janvier.
The Daily News, which blurred out image of a Charlie Hebdo cover last month, publishes photo of Jordanian pilot being burned alive.
— Michael Calderone (@mlcalderone) February 3, 2015
La liberté d’expression est consubstantielle à notre rapport à la vérité. C’est pourquoi elle ne doit souffrir aucune restriction.