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Communication.Management.Marketing

Toute vérité n'est que perception

L’objectif de tout manager devrait être de se rendre inutile

Manager, c’est transmettre.

Dwight Eisenhower, commandant des forces alliées durant le débarquement en Normandie et 34ème Président des Etats-Unis, donnait une définition iconoclaste du leadership : “l’art d’amener une personne à vouloir faire ce que vous avez besoin qu’elle fasse“.

Cette définition présente l’intérêt à mes yeux de mettre en exergue une réalité incontournable du rôle de manager : à moins d’encadrer ses équipes dans une optique de contrôle absolu et de peur permanente, un manager ne peut pas maîtriser toutes les activités de tous ses collaborateurs, et ce d’autant moins qu’ils sont nombreux. C’est pourquoi il doit leur donner envie, comme le souligne Eisenhower, d’accomplir ce qu’il a besoin qu’ils réalisent.

Ce principe induit que le manager doit gérer sa propre absence : il ne peut pas être constamment aux côtés de chacun de ses collaborateurs pour s’assurer de leur motivation. Il doit trouver des moyens de susciter cet état d’esprit par le sens qu’il donne à leur emploi, l’empathie dont il fait preuve à leur égard, l’environnement de travail qu’il crée à leur profit…

En outre, le manager doit amener les personnes qui composent son équipe à prendre les bonnes décisions par elles-mêmes. De fait, les mauvais managers exigent, explicitement ou implicitement, que toutes les décisions leur remontent et ne laissent aucune autonomie à leurs collaborateurs. L’efficacité, la capacité d’innovation et le bien-être de leurs équipes en sont fortement affectés. A contrario, les meilleurs managers inculquent les valeurs, choix stratégiques et leviers opérationnels de leur entreprise à leurs collaborateurs et, facteur très important, leur fournissent régulièrement des éléments de contexte actualisés afin qu’ils puissent prendre par eux-mêmes un maximum de décisions.

(CC) Brian Ujiie

Ainsi donc, de la motivation à la prise de décisions, les managers devraient-ils toujours avoir à l’esprit de se rendre inutiles, c’est-à-dire de donner à leurs collaborateurs l’envie et les moyens d’accomplir leur mission. Naturellement, cet objectif doit représenter un horizon inatteignable et non une cible imminente.

En effet, une action des managers sera toujours utile pour donner du sens et fixer des priorités à leurs équipes, organiser leur travail, prendre des décisions majeures et rendre des arbitrages. C’est la raison pour laquelle je ne suis pas partisan de l’holacratie, ce concept à la mode qui promeut des organisations complètement plates. J’ai déjà eu l’occasion d’expliquer sur Superception (lire ici et ici) pourquoi cette approche me semble dangereuse pour le succès des entreprises concernées comme pour l’épanouissement de leurs collaborateurs.

Au fond, un manager est d’abord un éducateur. C’est sa capacité de transmission qui permet à ses collaborateurs de progresser, individuellement et collectivement, dans un univers où, sous les effets de la révolution numérique, les entreprises qui stagnent perdent rapidement du terrain.

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C’est en lisant cet article, parmi tellement d’autres qui défendent la valeur indiscutable et l’intérêt non-contestable du manager, que je me rends compte encore un peu mieux à quel point l’entreprise est un concept désincarné.

Un travailleur adulte prend des décisions pour son intérêt et celui des autres en son âme et conscience. Mais le manager posséderait, du fait d’une promotion ‘magique’, d’une haute idée de soi-même et sans forcément d’autre pré-requis d’expérience ou de sagesse estimable, la capacité immédiate et de ‘droit divin’ de gérer la prise de décision et les désirs d’un ‘sous-collègue’ mieux qu’il ne saurait le faire lui-même. Le manager conçoit comme normales et méritées d’emblée, les hiérarchies qui lui conviennent. Il veut modifier le subalterne dans le sens de ce que la boîte défini comme sa propre justice (c’est-à-dire, l’intérêt immédiat du manager et celui, financier, de son entreprise), en se déculpabilisant des dommages qu’il crée. Aujourd’hui, selon les nouvelles doctrines à la mode de l’enfumage conceptuel du “leadership”, le manager veut changer le sous-fifre de manière bienveillante (mot-valise de notre époque qui remplace positivement et avantageusement l’hypocrisie perfide) en ôtant de son esprit des notions d’autonomie, d’accomplissement, d’auto-détermination – aspirations très légitimes et communes à toute l’humanité. Qui désire vraiment se faire ‘inculquer des valeurs’ dans le cadre de son activité rémunérée ? A quoi sert un manager si ce n’est finalement qu’à contrarier la nature du travailleur par un pré-constat de défiance pour prétendre ensuite que les mérites de son travail reviennent à l’encadrement. Il suffira de concéder à “l’employé” un retour au compte-gouttes de la liberté qu’il lui a pris, comme un cadeau.

Ce métier est inutile dans tous les termes de la logique et nuisible dans ses nombreux travers. Il participe à l’avilissement des comportements professionnels et dégrade l’estime, la créativité, le moral et les visions d’évolutions personnelles des subalternes. Il est la cause de beaucoup de maux que chacun perçoit aisément, mais personne n’ose remettre en cause la légitimité de ces postes à petits pouvoirs pour une seule raison : la peur de perdre son emploi.

Voilà comment un système pervers, garant des intérêts des mieux nantis, élabore sa dialectique pour renvoyer la culpabilité aux plus précaires et les soumettre à ses dogmes, tout simplement. Chaque envolée humaniste autour de la noble fonction de manager est un mensonge autant qu’un paradoxe. La finalité du management n’est pas de se rendre inutile : il l’est de fait. Mais le management n’est pas seulement inutile : il est pervers, nuisible et anti-humain.

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