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Toute vérité n'est que perception

La règle de management de Didier Deschamps qu’il ne faut surtout pas appliquer

Le Basque a été reconduit comme sélectionneur de l’équipe de France de football jusqu’en 2026. Cela n’en fait pas un modèle de management sur tous les plans pour autant.

S’il est une conviction qui anime Didier Deschamps, c’est la primauté absolue du résultat :

C’est le résultat qui tranche. Si tu gagnes, tu as raison, quoi que tu aies fait“.

Cette conviction pose deux problèmes sur le plan managérial.

Le premier est que, surtout en sport mais aussi dans le monde corporate, on peut gagner et avoir tort : gagner parce que son rival s’est encore plus trompé que soi ou parce que les circonstances ont été favorables. Considérer qu’on a forcément raison parce qu’on gagne, c’est donc se soustraire à la saine remise en cause qui doit faire suite à une victoire et courir le risque de mal préparer la compétition suivante.

Didier Deschamps – (CC) Franck Fife-AFP

Le second problème de cette approche, qui est bien plus grave, concerne l’éthique. Si seul le résultat compte, tout est permis. C’est un exemple déplorable à donner aux managers que d’aborder la compétition, et la vie, ainsi.

On le constate d’ailleurs doublement dans le comportement de Didier Deschamps :

  • il s’applique son précepte lorsqu’il gagne, refusant alors tout débat sur sa gestion de la sélection, mais pas quand il perd. Si la victoire donne toujours raison, la défaite devrait mêmement toujours donner tort. Mais “DD” s’arrange pour avoir aussi raison quand il perd. Alors que plusieurs problèmes managériaux sautèrent aux yeux lors du dernier championnat d’Europe, il n’attribua la défaite contre la Suisse qu’à dix minutes mal gérées sur le terrain. Quant à la dernière coupe du monde, il a été impossible de débattre, avant sa reconduction, des incohérences de sa liste des 26 (notamment eu égard aux postes d’arrières latéraux), de la pauvreté du jeu des Bleus, de sa gestion de la blessure de Karim Benzema (qui contrasta notamment avec celle de la lésion d’Angel Di Maria par le sélectionneur argentin) et de l’impréparation des tirs au but. Didier Deschamps est vainqueur qu’il gagne ou qu’il perde ;
  • il forme un duo inoxydable avec Noël Le Graët, le Président de la Fédération française de football, alors que celui-ci présente un bilan lamentable en termes de gestion (mise en oeuvre d’un plan social dans la fédération la plus riche de France) et d’éthique (exercice égocentrique et arrogant du pouvoir, mépris des ministres des Sports successifs, soutien de toutes les dérives de la Fédération internationale jusqu’à ironiser abjectement sur les conditions de vie des travailleurs étrangers au Qatar, misogynie, refus de dénoncer le racisme et l’homophobie dans le football, ambiance délétère au sein des équipes de la fédération française du fait de ses méthodes de management et accusations à son encontre portant sur des actions répétées de harcèlement sexuel et la protection de perpétrateurs d’actes pédophiles). Pourtant, entre bons amis, on s’entend parfaitement : Le Graët protège Deschamps de Zidane par ses décisions et Deschamps protège Le Graët de l’opinion publique par ses déclarations. Cela n’est pas très honorable mais que, voulez-vous, seul le résultat compte.

Didier Deschamps est aujourd’hui intouchable en France et je suis désolé de rompre ce quasi unanimisme avec cette prise de position. Mais il ne fait pas montre de deux des qualités qui font à mes yeux les plus grands managers : vision et valeurs.

J’ai écrit cet article hier matin, c’est-à-dire avant les nouvelles déclarations indignes de Noël Le Graët à l’encontre de Zinedine Zidane. Celles-ci ne font malheureusement que confirmer mon analyse et placent une nouvelle fois Didier Deschamps face à ses responsabilités, alors que, dans la même interview, le Président a aussi révélé qu’il avait discuté avec son sélectionneur de quelques personnes susceptibles de lui succéder à la tête de la FFF, un fonctionnement clanique extravagant eu égard aux statuts de la Fédération.

Un commentaire supplémentaire, cependant, au sujet des propos méprisables du Président de la FFF contre Zidane : il est déplorable qu’ils suscitent davantage d’indignation et de bruit médiatique (cf. la couverture de L’Equipe du jour) que, par exemple, ses déclarations honteuses sur le racisme et l’homophobie dans le football.

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