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Toute vérité n'est que perception

La grandeur de la défaite

Une phrase m’a marqué lors de la conférence de presse de Jannik Sinner après sa défaite en finale de Roland Garros :

Je vais rentrer chez moi, entouré de ma famille et de mes proches. Parfois, c’est moi qui donne et, là, ça va être à moi de recevoir. Mais on est une famille simple, mon père n’était pas présent à Paris pour la finale parce qu’il travaillait, il a regardé le match à la télé”.

Parfois, c’est moi qui donne et, là, ça va être à moi de recevoir“. Quel degré d’empathie et d’humilité faut-il, après 5h29 d’un combat au niveau de tennis et de suspense rarement atteint, pour ainsi admettre sa fragilité et son besoin de recevoir l’amour de ses proches afin de se remettre de ce qui sera certainement l’échec le plus cuisant de sa carrière (du moins lui souhaite-t-on).

Carlos Alcaraz, son bourreau du jour, ne fut pas en reste en matière de classe. C’est ainsi qu’il débuta, sur le court, son discours avant de recevoir la coupe des Mousquetaires :

Je voudrais commencer par Jannik. C’est incroyable le niveau que tu as. Félicitations pour ces deux semaines extraordinaires. Je sais que toi et ton équipe travaillez dur chaque jour. C’est énorme. Je sais à quel point tu es motivé pour participer à ce tournoi. Je suis sûr que tu seras champion [de Roland Garros] non pas une fois, mais plusieurs. […] Tu es une grande source d’inspiration pour les jeunes, pour moi aussi. Je te remercie d’être une telle source d’inspiration. Bonne chance et tous mes vœux de réussite pour la suite“.

Jannik Sinner et Carlos Alcaraz – Image créée avec ChatGPT-4o et Midjourney – (CC) Christophe Lachnitt

Aryna Sabalenka, qui se saborda, avec 70 fautes directes, en finale, fut beaucoup moins élégante dans la défaite, effaçant la performance de l’extraordinaire battante qu’est Coco Gauff, incapable de dire qu’elle avait mieux joué qu’elle :

C’est encore une finale compliquée contre Coco, encore une performance horrible contre Coco en finale. Je dois apprendre de ça parce que je ne peux plus jouer aussi mal au tennis contre elle en finale de Grand Chelem et lui donner des victoires, non pas facilement mais émotionnellement. […] Parfois, j’avais l’impression qu’elle décentrait et, magiquement, sa balle retombait dans le court. […] Elle n’a pas gagné le match parce qu’elle a joué de manière exceptionnelle, mais parce que j’ai fait des fautes sur des balles qui, de l’extérieur, semblaient faciles. […] Je pense que si Iga [Swiatek] m’avait battue l’autre jour, elle aurait gagné aujourd’hui”.

Elle corrigea d’ailleurs ses propos le lendemain sur Instagram.

Et puis, nous avons Kylian Mbappé qui est tombé dans la marmite de la potion égocentrique lorsqu’il était petit. Après la victoire de l’équipe de France contre l’Allemagne pour la troisième place de la Ligue des nations, le capitaine de l’équipe de France s’est, comme toujours, effacé avec modestie devant le collectif qu’il est censé guider :

Inscrire un but dans le jeu [pour la première fois depuis un an], ça fait du bien, même si je n’étais pas très inquiet, parce que je suis quand même un des meilleurs buteurs de l’histoire de l’équipe de France. On parlait beaucoup du fait que je ne marquais pas, mais ça montre le respect pour le joueur que je suis“.

A-t-on jamais entendu Carlos Alcaraz et Jannik Sinner, ou, dans la génération précédente, Novak Djokovic, Roger Federer et Rafael Nadal s’exprimer ainsi ? Non, et c’est certainement la raison pour laquelle ils ont progressé tout au long de leur carrière, se remettant toujours en cause, alors que Kylian Mbappé stagne, voire régresse, depuis plusieurs années déjà.

La vie, en définitive, est bien faite : l’élégance dans la défaite – et dans la victoire – signale l’humilité qui est la condition de tout cheminement vers le succès durable. Cette humilité n’est pas incompatible avec la confiance en soi, bien au contraire comme le montrent tant de grands champions. La confiance en soi ne consiste pas à penser qu’on est par nature supérieur aux autres, mais qu’on est à la hauteur de ses ambitions. L’humilité est la reconnaissance du travail qu’il reste à accomplir pour les atteindre. La confiance en soi combinée à l’humilité produit l’excellence. La confiance en soi sans l’humilité cultive l’arrogance.

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