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Toute vérité n'est que perception

L’implosion du frivole

Rick Perry, le gouverneur du Texas et ancien favori éphémère de la primaire présidentielle républicaine, a connu hier soir durant le débat télévisé organisé par CNBC l’explosion en vol la plus fracassante de l’histoire politique américaine.

Cet énième débat restera dans l’histoire médiatique et politique. Sans grand intérêt la plupart du temps, il fut marqué par l’humiliation aussi spectaculaire que douloureuse de Perry. Après plus d’une heure de discussion, il expliqua que, élu Président des Etats-Unis, il supprimerait aussitôt trois ministères. Il voulut alors les citer mais ne fut capable que d’en énumérer deux : le Commerce et l’Education. Durant plusieurs dizaines de secondes (une éternité en direct à la télévision), il ne put se souvenir du troisième (pas du quinzième mais bien du troisième !), et ce même après avoir cherché dans ses notes. Un autre candidat lui suggéra que ce devait être l’agence de protection de l’environnement, ce qui fit bien rire Perry. L’un des journalistes, incrédule, l’interpella pour confirmer si c’était bien cette agence aux activités de laquelle il souhait mettre un terme puis le crucifia en lui demandant s’il avait vraiment oublié quel ministère il voulait supprimer. Vous pouvez voir la séquence ci-dessous. On ne peut qu’en tirer deux conclusions : Rick Perry ne se prépare pas assez pour les grands événements de sa campagne présidentielle et/ou il ne sait pas résister à la pression. Dans les deux cas, cela inspire peu confiance pour un potentiel Président des Etats-Unis.

Quinze minutes plus tard, Rick Perry revint stupidement sur le sujet – s’assurant que les téléspectateurs n’oublient pas sa monumentale faillite – en révélant que le troisième ministère qu’il voulait supprimer était celui de l’Energie.

Cet incident m’inspire deux commentaires :

  • la légèreté avec laquelle Rick Perry géra son trou de mémoire fut déconcertante. Il était probablement en train de perdre les toutes dernières chances qu’il avait de bien figurer dans la course à la Maison-Blanche mais cela l’amusait. Une attitude qui risque d’être, en termes de perception, aussi désastreuse que le trou de mémoire lui-même. En particulier, sa conclusion – “désolé, ooops” – est à ranger au rang des plus catastrophiques déclarations (si on peut la qualifier ainsi) d’un candidat de premier plan – n’oublions pas que Rick Perry est gouverneur du deuxième plus grand Etat des Etats-Unis. Sa frivolité ne l’avait pas quitté juste après le débat lorsqu’il rejoint les journalistes. Il leur expliqua en effet : “heureusement que j’avais mes bottes (de cowboy) parce que j’ai assurément marché dedans tout à l’heure”. Dans l’esprit de Rick Perry, donc, rien n’est grave. Il serait étonnant que ses concitoyens mettent à son crédit cette indifférence à sa propre performance alors qu’il sollicite leurs suffrages pour prendre leur destin en main ;
  • ce n’est pas la première prestation pitoyable de Rick Perry dans un débat – même si c’est de loin la pire – et cela fait toute la différence. Tous les candidats peuvent commettre des erreurs – même le parfaitement contrôlé Barack Obama en avait commis deux ou trois lors de sa campagne présidentielle de 2007/2008. Mais Rick Perry est désormais défini davantage par ses dérapages que par ses idées pour redresser le pays – à cet égard, voyez ci-dessous des extraits d’un récent discours qu’il a donné dans le New Hampshire et au cours duquel il ne semble pas dans son état normal (voir la vidéo ci-dessous). Quand un candidat en arrive à ce niveau de confusion en termes d’image, tout nouvel incident peut lui porter le coup de grâce. C’est d’autant plus vrai que, de nos jours, de tels égarements sont commentés en boucle et rejoués sans cesse sur toutes les chaînes de télévision et sur Internet. Le buzz atteint alors une puissance destructrice incontrôlable. Perry a beau essayer de retourner la situation en sa faveur en lançant ce matin un jeu sur son site Internet – “quels sont les ministères fédéraux que vous préféreriez oublier ?” -, c’est peine perdue.

L’autre grand perdant du débat est Herman Cain qui fut brièvement interrogé sur les accusations de harcèlement sexuel dont il est l’objet. Il nia une nouvelle fois en bloc – alors même que certaines de ses accusatrices ont reçu de l’argent – sans surprise. Mais le charme d’Herman Cain – auquel je n’ai d’ailleurs jamais été sensible (cf. cet article) – n’opéra plus dans ce débat : il ne fit plus montre de l’humour jovial et de la proximité qui l’avaient caractérisé jusqu’à présent. Il alla même jusqu’à appeler l’ancienne dirigeante démocrate de la Chambre des Représentants, Nancy Pelosi, “Princesse Nancy”, exhibant précisément l’attitude irrespectueuse à l’égard des femmes dont il essayait de se dédouaner depuis plus d’une semaine. Pour le reste, il fit preuve de l’abyssale incompétence dont il nous régale depuis son entrée dans la campagne. Si Cain décroche dans les intentions de vote, les accusations de harcèlement sexuel portées contre lui ne seront donc pas seules en cause.

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