3 octobre 2012 | Blog, Blog 2012, Communication | Par Christophe Lachnitt
The New York Times se met en cinq
Le quotidien new-yorkais vient de lancer une application web HTML5 pour iPad. Un nouvel espoir pour la presse écrite ?
Pour faire (très) simple, le HTML5 est la cinquième génération de l’HyperText Markup Language, le principal langage utilisé pour créer des pages web. Par rapport à son prédécesseur (qui remonte à 1997), le HTML5 permet d’intégrer aux sites Internet de manière plus fluide – c’est-à-dire sans ajouter de modules externes – un ensemble de fonctionnalités qui n’avaient pas la même importance il y a quinze ans : animations, applications web, flux vidéo et audio, etc. Le HTML5 garantit également que les sites web fonctionnent à l’identique sur tous les supports (ordinateurs fixes et portables, smartphones, tablettes…). Enfin, l’organisation des contenus des sites créés avec HTML5 est plus favorable à leur référencement naturel car plus propice à l’identification de leurs balises (“tags“) par les moteurs de recherche. Et encore ne suis-je pas exhaustif : le HTML5 offre d’autres bénéfices (accès aux données en mode déconnecté, géolocalisation…) sur lesquels je ne m’étendrai pas ici.
Malgré tous ses avantages, le HTML5 n’est pas encore adopté universellement car il pâtit de quelques faiblesses. Les deux principales sont qu’il n’est pas complètement stabilisé et qu’il n’est pas compatible avec toutes les versions de navigateurs Internet – les créateurs de sites en HTML5 s’aliènent donc tous les Internautes utilisant d’anciennes versions de navigateurs.
Cependant, l’une des nouveautés les plus séduisantes du HTML5 est qu’il permet de créer des applications web. Ces dernières sont des logiciels applicatifs fonctionnant au sein d’un navigateur Internet. Sur les smartphones et tablettes, elles constituent des alternatives aux applications autonomes que l’on trouve dans les “App Store“. Avec les applications web en effet, les producteurs de contenus s’affranchissent des contraintes imposées par les propriétaires d’écosystèmes mobiles (Amazon, Apple, Google…) dans le cadre de leurs App Store respectifs. Par ailleurs, l’incompatibilité du HTML5 avec les anciennes versions de navigateurs Internet pour ordinateurs ne constitue pas un facteur dirimant sur les équipements mobiles.

L’application web HTML5 du New York Times sur iPad
Hier, The New York Times a lancé une application web HTML5 expérimentale pour iPad dédiée à ses abonnés payants. Le pionnier du HTML5 dans la presse écrite est The Financial Times qui avait déserté l’App Store d’Apple l’an dernier et créé une application web lui permettant de se soustraire aux obligations – y compris financières – imposées aux médias par la marque à la pomme.
Le nouveau site d’actualité économique Quarz, créé la semaine dernière par Kevin Delaney, un jeune et brillant journaliste dont je connais le talent pour avoir beaucoup travaillé avec lui il y a quelques années lorsque nous œuvrions respectivement au sein d’Alcatel Alsthom et du Wall Street Journal, a également été lancé sous la forme exclusive d’une application web HTML5.
J’ai testé l’application web du New York Times depuis hier et je suis très séduit. Elle est en effet à la fois agréable esthétiquement (simple, dépouillée et élégante) et très fonctionnelle, mettant efficacement à profit l’interface multi-touch de l’iPad même si elle est un peu moins fluide que l’application officielle du quotidien. Surtout, elle offre certaines options très intéressantes qui n’existent pas sur les autres plates-formes numériques du New York Times : le contenu complet de l’édition papier du jour présenté exactement dans le même rubriquage, un classement des articles maison les plus repris sur Twitter durant l’heure écoulée et le flux chronologique de tous les articles publiés par le quotidien.
Au final, cette application expérimentale est très réussie. Elle pourrait préfigurer une nouvelle voie, dans le territoire exploré par The Financial Times, permettant à la presse écrite d’offrir de nouveaux services porteurs de valeur à ses lecteurs (lire ici pour comprendre l’importance de ces services dans le sauvetage de la presse écrite) tout en s’affranchissant de la dîme prélevée par Apple sur les abonnements numériques transitant par son App Store.