22 janvier 2013 | Blog, Blog 2013, Communication | Par Christophe Lachnitt
Barack Obama vs. Bill Clinton
Qui est le meilleur communicant ? Et pourquoi ?
Un récent article du site POLITICO a comparé le nombre de prestations médiatiques de Barack Obama et de ses prédécesseurs.
Durant les quatre années de son premier mandat, Obama a ainsi tenu 79 conférences de presse – incluant propos présidentiel introductif et questions-réponses avec les journalistes – contre 89 pour George W. Bush (fils), 133 pour Bill Clinton et 143 pour George H.W. Bush (père).
Mais les données les plus impressionnantes concernent les sessions de questions-réponses (hors conférences de presse) avec les journalistes : Obama s’est adonné à 107 séances de ce type contre 313 pour George H.W. Bush, 354 pour George W. Bush et 612 pour Bill Clinton, soit près de 6 fois plus qu’Obama !
L’un des rôles du quatrième pouvoir est de demander des comptes aux dirigeants politiques au nom des citoyens. A cet égard, la vigueur médiatico-démocratique des Etats-Unis est impressionnante, et ce encore plus lorsqu’on la compare à des exemples plus proches de nous.
Cependant, ce qui me frappe dans ces statistiques est la différence d’approche entre Barack Obama et Bill Clinton. Les deux derniers Présidents démocrates sont à juste raison considérés comme des communicants hors pair. Mais ces chiffres mettent en exergue ce qui les sépare dans ce domaine et pourquoi l’un y est supérieur à l’autre.
Ces données indiquent en effet qu’Obama est le Président américain qui, depuis Ronald Reagan, s’est le moins soumis aux questions des journalistes dans des formats ouverts – conférences de presse et sessions de questions-réponses. Elles confirment qu’Obama est plus à l’aise dans des prestations cadrées que dans des formats informels. Bill Clinton, pour sa part, excelle dans les deux types d’exercices.
En fait, les qualités intrinsèques et l’appétence des deux leaders sont opposées : Obama inspire les foules, Clinton convainc les individus. Même lorsqu’il est interviewé par un journaliste, Obama s’adresse à la globalité des téléspectateurs derrière leur écran. A l’inverse, même lorsqu’il prononce un discours devant une foule, Clinton veut gagner à sa cause chaque individu qui la compose*. C’est pourquoi, incidemment, Obama rechigne aux échanges libres avec la presse alors que Clinton n’en a jamais assez à son goût.
Pour répondre à ma question liminaire, je pense profondément que Clinton est un meilleur communicant – parce que plus complet – qu’Obama. Sa phénoménale empathie (lire notamment ici et ici) s’applique à la fois à des communications formelles et informelles, à des communications individuelles et de foule. A contrario, la brillante rhétorique d’Obama ne convient qu’à des communications cadrées et/ou de masse.
Entre deux dirigeants à l’intellect comparable, le plus empathique est toujours le meilleur communicant.
* Ce ne fut jamais plus évident que lors de son exceptionnel discours à la Convention démocrate de Charlotte l’an dernier (lire ici).