24 janvier 2013 | Blog, Blog 2013, Management | Par Christophe Lachnitt
La leçon de management de Larry Page
L’ambition pour quoi faire ?
Dans une interview avec le grand journaliste américain Steven Levy pour WIRED, Larry Page, co-fondateur et PDG de Google, détaille sa folle ambition pour son groupe.
Il explique ainsi qu’il demande à ses équipes de travailler sur des produits qui sont 10 fois meilleurs que ceux de la concurrence. La majorité des entreprises cherchent à améliorer l’offre existante de 10% et non de 1000%. A ses yeux, un tel objectif implique de produire sensiblement la même innovation que ses concurrents. Certes, l’entreprise qui applique cette stratégie ne connaîtra pas un échec spectaculaire mais elle ne créera pas non plus un écart substantiel avec ses pairs.
Larry Page est aussi clair qu’inspirant à cet égard : “Il est difficile de trouver des exemples de révolutions générées exclusivement par la concurrence entre les acteurs d’une industrie. Et quel est l’intérêt d’aller au travail si votre tâche consiste à surclasser une autre entreprise qui fait grosso modo la même chose que vous ? C’est pourquoi la plupart des sociétés déclinent avec le temps. Elles ont tendance à faire approximativement ce qu’elles faisaient avant avec quelques changements mineurs. Il est naturel pour les gens de vouloir travailler sur des projets dont ils savent qu’ils ne vont pas échouer. Mais les améliorations incrémentales sont promises à l’obsolescence, en particulier dans le domaine de la technologie où vous savez qu’il y aura des révolutions. Une grande partie de mon rôle consiste donc à focaliser les équipes de Google sur des projets qui ne sont pas incrémentaux“.
Ainsi, Larry Page concentre-t-il son attention sur des révolutions nécessitant de repenser complètement un produit ou un service et d’aller à la limite du possible. On retrouve aujourd’hui cette philosophie dans la voiture sans chauffeur et la lunette de réalité augmentée développés par les équipes de Google X. Ainsi que l’explique Steve Levy, Larry Page nourrit “un sain mépris pour l’impossible”, une très jolie formule.
J’ai parfois critiqué Google sur Superception (lire notamment ici, ici, ici et ici) mais la philosophie promue par Larry Page est la plus excitante qui soit. Elle me rappelle la citation de mon héros, Robert F. Kennedy, que j’avais mise en exergue de mon livre : “seuls ceux qui osent risquer de grands échecs peuvent obtenir de grand succès“.