6 mai 2014 | Blog, Blog 2014, Communication | Par Christophe Lachnitt
Le web ramène-t-il la presse à son état du 19ème siècle ?
Une mise en perspective intéressante d’un grand journaliste américain.
Deux dinosaures de la presse d’outre-Atlantique ont été interviewés par Politico Magazine : Bill Keller, ancien rédacteur en chef du New York Times, et Marcus Brauchli, qui a assumé les mêmes responsabilités au sein du Washington Post et du Wall Street Journal. Ils travaillent tous les deux aujourd’hui dans l’univers des médias numériques.
L’aspect qui m’a le plus intéressé dans cette interview est la comparaison que Marcus Brauchli y opère entre l’environnement médiatique actuel et celui du 19ème siècle.
Jusqu’en 1950 en effet, des groupes de presse étaient en concurrence frontale dans chaque ville américaine. Ainsi pas moins de 11 journaux s’affrontaient-ils à Auburn, une cité de 10 000 habitants dans l’Etat de New York, à l’époque d’Abraham Lincoln. De fait, chacun de ces journaux était imprimé une page à la fois et ciblait une audience spécifique. Au dix-neuvième siècle, une centaine de quotidiens furent créés puis fermés à Washington D.C. La norme était alors, comme aujourd’hui avec le web, à la fragmentation des médias et des audiences en fonction de points de vue et/ou de centres d’intérêt différents.
Puis, au milieu du vingtième siècle, les nouvelles presses permirent d’imprimer les journaux en grande quantité très rapidement. Cela changea radicalement l’équation économique de l’industrie du journalisme écrit et fit naître des positions dominantes – monopoles ou duopoles – sur chaque marché local.
Internet mit un terme à cette “anomalie” d’une cinquantaine d’années en ramenant le journalisme à la situation qu’il connaissait au dix-neuvième siècle.