1 juillet 2014 | Blog, Blog 2014, Communication | Par Christophe Lachnitt
Le vrai et le faux journalisme
Deux contre-exemples éclairants.
Mes pérégrinations sur le web ces derniers jours m’ont exposé à deux exemples du vrai et du faux journalisme qui ne correspondent pas forcément aux idées reçues.
Le premier a trait à un sondage réalisé par ING auprès de journalistes et relaté par le site Internet de l’école de journalisme Poynter (voir slides ci-dessous). Il révèle que seulement 20% des journalistes vérifient toujours une information avant de la publier.
Le second concerne une alerte diffusée par The New York Times hier suite à une décision de la Cour Suprême des Etats-Unis. De manière remarquable, le grand quotidien informe uniquement ses abonnés que l’institution s’est prononcée. Il explique que ses journalistes sont en train de lire le document rendu public par la Cour et qu’ils compléteront leur article dès qu’ils seront assez confiants dans leur compréhension de sa signification.
Aujourd’hui, le journalisme semble plutôt être perçu comme une pratique devant correspondre aux résultats du sondage d’ING, c’est-à-dire régie par l’impératif de vitesse. Tout le monde veut être au courant de tout en temps réel et les médias et journalistes qui n’ont pas le courage de résister se laissent emporter par la déferlante de l’immédiateté. Etre le premier est plus important qu’être pertinent. Les journalistes sont naturellement coupables mais nous les encourageons dans leur dérive par nos habitudes de consommation d’une actualité fast news aussi peu digeste que le fast food.
La mission du journalisme n’est pas de diffuser des rumeurs, des spéculations ou des ragots. Elle est de jouer un rôle de relais – dans “média” il y a “médiation” – entre la marche du monde et les citoyens. Ce rôle est essentiel pour la démocratie. Il nécessite un recul souvent incompatible avec la dictature de l’instantanéité.
Certainement instruit par l’énorme fiasco subi par deux grands médias à l’occasion de l’annonce d’une précédente décision de la Cour Suprême, The New York Times a compris qu’il fallait prendre le temps de comprendre les attendus de l’institution avant de les rendre intelligibles pour ses lecteurs.
Le vrai journalisme perd du temps pour gagner en crédibilité. Le faux journalisme croit gagner en crédibilité en gagnant du temps.