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Toute vérité n'est que perception

Comment fiabiliser les sources anonymes des journalistes ?

J’ai abordé hier l’évolution du rôle des journalistes dans des Sociétés démocratiques de plus en plus polluées par le mensonge politique.

Il se trouve que, dans un champ de réflexion connexe, Dan Gillmor, l’un des plus célèbres professeurs américains de journalisme et sociologie des médias, recommande sur son blog que les journalistes révèlent les noms des sources anonymes qui leur ont menti.

Il est vrai que l’un des effets pervers de la concurrence médiatique sans précédent créée par la multiplication de sources numériques d’information gratuites est l’abus de sources anonymes par des journalistes en quête permanente de scoops inaccessibles à leurs concurrents.

Certes, il serait difficile de distinguer les sources anonymes qui mentent volontairement et celles qui commettent une erreur de bonne foi.

Cependant, j’adhère à la proposition de Dan Gillmor. Une source, en effet, ne devrait prendre la responsabilité d’alimenter le compte-rendu d’un événement d’actualité que si elle est certaine que son témoignage est infaillible.

Celui-ci contribue à l’information des citoyens et à la formation de leurs opinions, deux missions essentielles à l’hygiène démocratique. Moralement, un témoignage dans un média a presque la même importance qu’un témoignage en justice.

(CC) Toban B.

(CC) Toban B.

Vous me direz que les sources anonymes pourraient toujours propager leurs mensonges sur le web social, y trouver une audience et y faire naître des rumeurs. Certainement.

Mais il existe, encore aujourd’hui, une différence entre les réseaux sociaux et les médias d’information. Ceux-ci sont perçus comme plus crédibles car l’information est censée y être vérifiée, éditée et hiérarchisée par des journalistes professionnels.

Or, en ayant toujours plus recours à des sources anonymes, ces derniers affaiblissent leur propre crédibilité et la vocation civique qu’ils sont censés remplir.

Ainsi que je l’ai toujours affirmé sur Superception, l’importance décisive du journalisme pour la démocratie impose que l’on soit particulièrement exigeant à l’égard des journalistes et, partant, de ceux qui les informent.

Pour autant, la solution proposée par Dan Gillmor n’est pas idéale car elle présente l’inconvénient majeur de déresponsabiliser en partie les reporters qui recueillent les déclarations de sources peu fiables. Il relève en effet du métier de journaliste d’évaluer la crédibilité des sources et de leurs affirmations. C’est aussi le rôle des rédacteurs en chef que de remettre en cause des témoignages qui semblent peu sûrs.

Les journalistes qui prennent trop souvent au sérieux des assertions de contacts anonymes qui se révèlent fausses ne peuvent pas se contenter de blâmer leurs sources. Ils doivent également revoir leurs méthodes de travail et leur acuité psychologique.

A cet égard, Matt Apuzzo et Michael S. Schmidt, les deux journalistes du New York Times qui sont à l’origine des deux plus graves erreurs récentes du journal1, toutes dues à de fausses allégations faites par des sources anonymes, sont au moins aussi coupables que lesdites sources.

In fine, en effet, ce sont les journalistes et non les sources qui engagent la crédibilité et la responsabilité du média pour lequel ils relatent l’actualité.

1 Des poursuites criminelles censément lancées contre Hillary Clinton dans l’affaire de ses emails et la prétendue accessibilité à tous les membres de Facebook des messages djihadistes mis en ligne par l’auteure de l’attentat de San Bernardino (Californie).

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