24 mars 2018 | Newsletter, Newsletter 2018 | Par Christophe Lachnitt
Newsletter Superception #137
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Best Of Superception
- Plusieurs médias d’information en ligne viennent d’adopter ce modèle : La monétisation par abonnement est-elle la solution aux maux du journalisme ?
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- communication Facebook est au coeur d’un nouveau scandale lié à la dernière campagne présidentielle américaine. Résumons : en 2014, Aleksandr Kogan, professeur de Cambridge et entrepreneur à ses heures perdues (pas pour tout le monde), conçut une application (dans le cadre de sa société et non de son travail universitaire) et paya 270 000 membres de Facebook pour qu’ils y réalisent un test de personnalité et donnent leur accord afin que leurs données numériques fussent collectées, censément à des fins académiques. En réalité, l’application collecta aussi, sans leur accord, les données des amis des participants et, magie du graphe social de Facebook, disposa ainsi des informations numériques de 50 millions de ses membres. Ces données furent ensuite exploitées par la société Cambridge Analytica dans le cadre de son travail au service de la campagne présidentielle de Donald Trump pour cibler et influencer les électeurs américains. Quatre enquêtes journalistiques détaillent cette affaire : How Trump Consultants Exploited The Facebook Data Of Millions (The New York Times), The Cambridge Analytica Files (The Guardian), Facebook Employs Psychologist Whose Firm Sold Data To Cambridge Analytica (The Guardian) et 50 Million Facebook Profiles Harvested For Cambridge Analytica In Major Data Breach (The Observer). Une cinquième (menée par Channel 4) met au jour l’approche sans foi ni loi des dirigeants de Cambridge Analytica : Trump’s Election Consultants Filmed Saying They Use Bribes And Sex Workers To Entrap Politicians. Le plus alarmant, dans cette affaire, est que, comme dans le dossier de la manipulation de Facebook par des officines russes, Cambridge Analytica n’a pas piraté le réseau de Mark Zuckerberg mais l’a utilisé comme il devait l’être, cette fois en tirant parti de l’exploitation de nos données par des tiers. La seule règle que le professeur-entrepreneur a violée, aux dires de Facebook, concerne la transmission de données à une autre partie tierce. Mais il est impossible pour Facebook de faire appliquer cette règle ou de vérifier qu’elle est bien appliquée, sachant d’ailleurs que son comportement n’a pas toujours démontré qu’il le souhaitait. C’est donc le modèle opérationnel et économique de Facebook qui est de nouveau en cause. Incidemment, on peut se demander pourquoi le Groupe a mis plus de deux ans à informer le public de ce problème et si d’autres transmissions indues de données sont connues de lui. J’avais expliqué il y a quelques années sur le blog Superception qu’une crise est d’autant plus dangereuse pour une entreprise qu’elle semble confirmer une perception négative du public à son égard. C’est assurément le cas pour Facebook avec cet épisode. Pourtant, Mark Zuckerberg a mis cette semaine un temps infini à prendre la parole, ce qui n’a fait qu’aggraver la situation. Lorsqu’il s’exprima, dans quatre interviews exclusives avec respectivement CNN, Recode, The New York Times et Wired, il limita ses annonces à des mesures qui ne remettent pas en cause le modèle opérationnel de Facebook, dont le combustible est l’exploitation des données de ses utilisateurs. Les derniers jours ont montré que ce combustible est hautement inflammable. De fait, les prises de parole de Zuckerberg suffiront à réduire la pression immédiate sur Facebook mais sont loin de répondre à tout les questions que cette crise pose et ne seront donc pas suffisantes sur la durée alors que quelques mesures plus drastiques (explorer ici et ici des idées à ce sujet) permettraient de montrer la résolution du Groupe dans ce dossier. Au final, cette affaire confirme ma conviction que les réseaux sociaux constituent la plus grande menace géopolitique depuis la crise de Berlin. Evidemment, les manipulations effectuées sur les réseaux sociaux ne suffisent pas à expliquer la victoire de Donald Trump. Celle-ci résulte de plusieurs autres facteurs, au premier rang desquels le climat politique outre-Atlantique et les travers de la personnalité et de la campagne d’Hillary Clinton. On en vient d’ailleurs peut-être aujourd’hui, sous l’effet du scandale Cambridge Analytica, à exagérer le rôle de Facebook, comme si une élection pouvait être dissociée de la Nation dans laquelle elle a lieu. Mais le rôle des réseaux sociaux dans cette campagne, comme dans d’autres, a une spécificité qui en fait un danger singulier : il est le fruit d’une manoeuvre exogène au corps électoral (et parfois même au pays concerné) alors que les autres facteurs lui sont endogènes. C’est pourquoi la réglementation des plates-formes numériques devient un impératif incontournable. Pour le reste, il faut, comme Tim Berners-Lee, l’inventeur du web, rester aussi lucide qu’optimiste : This Is A Serious Moment For The Web’s Future
- communication Pendant que Facebook s’enfonçait dans la crise, Google tentait de se donner le beau rôle en annonçant un fonds doté de 300 millions de dollars sur trois ans pour aider le journalisme et combattre ses ennemis : Google Unveils Plans To Boost News Subscriptions And Combat Fake News. Ce montant représente 1% des revenus publicitaires engrangés par Google au cours des trois derniers mois de 2017
- management Les entreprises dépensent annuellement plus de 100 milliards de dollars pour s’assurer de la motivation de leurs collaborateurs. Pourtant, seulement 13% de ceux-ci sont réellement investis dans leur travail. L’un des principaux remèdes à ce problème est de développer l’engagement des collaborateurs à l’égard de leur marque. Cette approche établit un double lien entre les collaborateurs et la raison d’être de leur employeur (qui doit préalablement avoir été définie) et entre les collaborateurs et leurs clients : Engaging Employees Starts With Remembering What Your Company Stands For
- marketing Une étude d’eMarketer indique que la domination de Facebook et Google sur le marché de la publicité numérique serait moins absolue que dans le passé – les deux groupes ne s’adjugeraient “que” 48% de la croissance de ce marché outre-Atlantique en 2018 (contre plus de 70% ces dernières années). Data Suggests Surprising Shift: Duopoly Not All-Powerful. Ce relatif déclin s’explique principalement par la montée en puissance d’Amazon et Snapchat
- marketing Certes, LinkedIn compte 546 millions de membres. Mais ceux-ci utilisent de moins en moins fréquemment le réseau social professionnel, ce qui représente un risque à la fois pour lui-même et pour les entreprises qui mettent tous leurs oeufs marketing dans son seul panier : LinkedIn’s $27 Billion Challenge: Get People To Use It More
- marketing Google donne à des géants de la grande distribution (Costco, Home Depot, Target, Walmart…) la possibilité de lister leurs produits sur Google Assistant, Google Express (shopping en ligne) et Google Search en échange d’une commission sur chaque vente réalisée par ce biais : Exclusive: ‘Where Can I Buy?’ – Google Makes Push To Turn Product Searches Into Cash Ce faisant, le groupe de Mountain View se positionne comme un allié des acteurs du retail face à Amazon, leur principal ennemi
- révolution numérique Cette semaine, Amazon, justement, est devenue la deuxième entreprise la plus valorisée en Bourse de la planète… pour combien de temps ? Amazon Surpasses Alphabet In Market Value
- révolution numérique Salesforce réalise la plus grosse transaction de son histoire en acquérant Mulesoft pour 6,5 millards de dollars. MuleSoft développe des logiciels qui connectent les données entre des systèmes et équipements d’un côté et des applications de l’autre : Salesforce To Buy MuleSoft For $5.90 billion. Le modèle de MuleSoft, qui vend ses solutions à des clients hébergeant leurs données dans leurs centres de données, est complémentaire de celui de Salesforce exclusivement fondé sur le cloud. Cette complémentarité constitue un atout pour manager la transformation numérique des entreprises concernées
Best Of Twitter
Ab hoc et ab hac
- nature Ce chien hilarant vous rappellera peut-être un proche : il ronfle tellement fort qu’il en arrive à se réveiller. Dozy Dog Snores So Loudly He Scares Himself Awake
- neurosciences De nouvelles études scientifiques ont été réalisées à propos de l’effet Dunning-Kruger : The Person Who’s Best At Lying To You Is You. Cet effet conduit des personnes incompétentes dans un domaine donné à surestimer leur maîtrise de ce sujet car elles n’ont pas assez de connaissances pour évaluer leur ignorance
Rubriques
- Best Of Superception : articles publiés en français sur Superception durant la semaine écoulée (les articles publiés en anglais sont accessibles ici).
- Best Of Internet : meilleurs articles du web sur la communication, le management et le marketing dans le contexte de la révolution numérique.
- Best Of Twitter : mon tweet préféré, quel que soit son sujet.
- Ab hoc et ab hac : contenus, susceptibles de vous intriguer ou vous distraire, relatifs à certains de mes autres centres d’intérêt (musique, nature, neurosciences et sport).
A propos
La Newsletter Superception est la revue hebdomadaire de l’actualité diffusée par le site Superception édité par Christophe Lachnitt.
Superception, qui est consacré aux enjeux de perception à travers la communication, le management et le marketing, comprend également un blog et un podcast.
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