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Toute vérité n'est que perception

Une règle de relations presse aussi contre-intuitive que dangereuse

Démonstration des deux côtés de l’Atlantique.

Il y a quelques jours, Michel Platini était interviewé par Jacques Vendroux sur France Bleu. Il faut savoir que, avant même d’être journaliste, Jacques Vendroux est un ami très proche du triple ballon d’or qu’il défend, souvent avant même qu’il ne soit attaqué, sur toutes les ondes du pays, faisant fi de toute prétention à une quelconque objectivité journalistique.

Dans cet entretien entre amis, on vit un Michel Platini débraillé affirmer sans vergogne, et sans que son compère ne réagisse le moins du monde, qu’il avait fomenté une “magouille” lors de la Coupe du Monde 1998 pour assurer que la France ne rencontre pas le Brésil avant la finale. Certains perçurent dans ces propos la manifestation de l’ego du meilleur joueur français de l’Histoire qui n’aurait jamais supporté que d’autres gaulois que lui gagnent le trophée le plus prestigieux de leur sport et veut s’adjuger, y compris malhonnêtement, une part de leur succès.

Naturellement, cette déclaration tombe au plus mal alors que Michel Platini est suspendu de toute fonction dans le milieu du football pour des fricotages et serait plus inspiré de tenter de redorer son image en matière de probité. Or Michel Platini est tout sauf un apprenti des relations avec les médias. Il navigue dans ce milieu depuis plus de quarante ans et y est reconnu comme l’un des sportifs les plus habiles avec le fond et la forme de son expression.

Plusieurs jours auparavant, Rudy Giuliani, ancien maire de New York et candidat à la Maison-Blanche et tout fraîchement nommé avocat de Donald Trump, était interviewé sur Fox News par Sean Hannity. Il faut savoir que Fox News est une chaîne télévisée d’information d’obédience conservatrice dont une partie de la grille de programmes relève de la propagande officielle au service de Donald Trump. Le premier agent de cette officine de désinformation s’avère être Sean Hannity qui est aussi l’un des contacts les plus proches et les plus réguliers du Président américain, à tel point qu’il est parfois considéré comme son premier conseiller de l’ombre.

Au micro d’Hannity, Rudy Giuliani affirma benoîtement que Donald Trump avait démis le directeur du FBI parce que celui-ci refusait de déclarer publiquement qu’il n’était pas une cible de son enquête sur l’implication de la Russie dans l’élection présidentielle, ce qui contredit les justifications données par le Président à ce sujet et ressort à l’entrave à l’exercice de la Justice. Il expliqua aussi que Trump avait remboursé Michael Cohen, son principal avocat, pour le versement de 130 000 dollars que ce dernier avait effectué à l’actrice de films pornographiques Stormy Daniels en échange de son silence sur la relation extra-conjugale qu’elle assure avoir eue avec Trump. Ici aussi, cette assertion est en contradiction frontale avec les déclarations de Trump à ce sujet et met ce dernier en difficulté eu égard à la loi sur le financement des élections.

Le point commun de ces interviews catastrophiques pour leurs protagonistes est la proximité de ces derniers avec leurs intervieweurs. Dans les deux cas, Platini et Giuliani ont dû se dire qu’ils étaient en terrain médiatique conquis et qu’ils n’avaient ni besoin de préparer rigoureusement leur intervention ni d’être particulièrement vigilant durant leur déroulement.

Ainsi ce double épisode illustre-t-il une règle de relations presse aussi contre-intuitive que dangereuse : les interviews avec des journalistes bienveillants sont souvent plus dangereuses que celles avec leurs confrères les plus incisifs. En effet, le confort psychologique des premières incite au relâchement, au risque d’un excès d’impudence, alors que l’insécurité des secondes porte à la concentration, au risque d’un excès de prudence.

Au fond, en relations presse, il vaut mieux encourir la langue de bois que la gueule de bois.

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