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Toute vérité n'est que perception

Les vraies stars rendent les autres meilleurs

Démonstration avec Tom Brady, le plus grand joueur de football américain de tous les temps qui, dimanche soir, a gagné son septième Super Bowl.

[Si vous n’êtes pas intéressé(e) par le football américain, rendez-vous directement sous les deux vidéos pour accéder à mon propos sur les enseignements de la carrière de Tom Brady en termes de management.]

Autant vous le dire d’emblée, ce ne fut pas un Super Bowl mémorable : le match fut sans le moindre suspense, le show de The Weeknd fut sans grand intérêt à mon goût (mais je ne veux pas manquer de respect à toute l’équipe qui l’a conçu et réalisé) et même les publicités furent cette année sans relief créatif particulier.

Et, pourtant, ce Super Bowl restera dans l’histoire du sport pour la performance de Tom Brady : le quarterback (quart arrière) a remporté son septième championnat, ce qui le place loin devant ses challengers à cet égard (Charles Haley avec cinq titres et une série d’autres joueurs avec quatre). Il a aussi été désigné pour la cinquième fois comme le meilleur joueur de la finale (Most Valuable Player ou MVP), devant le grand Joe Montana avec trois distinctions et seulement trois autres joueurs avec deux récompenses.

J’écrivais dans la Newsletter Superception samedi que ce match pourrait être décisif, d’ici quelques années, dans l’attribution du rang honorifique de meilleur joueur de l’histoire du football américain entre Tom Brady (43 ans) et son principal adversaire sur le terrain hier soir, Patrick Mahomes (25 ans). Ce dernier est un quarterback au talent hors-norme : son potentiel est d’ailleurs souvent comparé à celui de Michael Jordan en raison non seulement de son génie mais aussi de son esprit compétitif et de sa capacité de surperformer dans les moments les plus importants. Cependant, l’accession de Tom Brady à sept titres et le jeu plus dangereux physiquement de Patrick Mahomes (qui est beaucoup plus mobile sur le terrain et aura certainement une carrière moins longue que celle de son rival) devraient solidifier la place du premier nommé comme “GOAT” (greatest of all time).

La nuit dernière, Patrick Mahomes pâtit d’une déstabilisation de sa ligne offensive de gardes du corps (dont quatre titulaires étaient absents, le dernier en date, Eric Fisher, s’étant rompu le tendon d’Achille en demi-finale) et de sa propre blessure (il fut vu boitant pendant le match et va être opéré du pied durant l’intersaison). Il ressembla donc toute la soirée à une courageuse gazelle pourchassée par un gang de lions (voir la première vidéo ci-dessous) et, bien qu’il réalisât des prouesses irréelles pour tout autre joueur et les actions les plus mémorables de la partie (voir la deuxième video ci-dessous), cela ne suffit pas à éviter le carnage au tableau d’affichage. Pour les amateurs de football américains, Patrick Mahomes courut 497 yards (!) au total hier avant de passer le ballon ou d’être victime de “sacks”.

Tom Brady n’a pas le quart du talent athlétique ou gestuel de Patrick Mahomes. Mais, assisté par une défense de fer, il fit montre de son habituelle aptitude métronomique à délivrer avec précision des passes décisives quand l’occasion s’offrit à lui de creuser l’écart. Il n’est pas le meilleur joueur de football américain, au sens où il n’est pas le plus doué, mais il est le plus grand car il gagne davantage que tous les autres en valorisant mieux que personne ses capacités.

J’ai plusieurs fois souligné sur Superception que la vraie compétition dans la vie ne doit pas être menée avec les autres mais avec ses propres possibilités, que notre objectif doit être de devenir la meilleure version possible de nous-mêmes, pas la meilleure version possible d’un autre individu. C’est la raison pour laquelle j’éprouve un respect sans limite pour Tom Brady : il a maximisé son potentiel à un niveau inimaginable pour le commun des mortels.

Rendez-vous compte que, en 2000, il fut sélectionné par les New England Patriots en 199ème position, c’est-à-dire qu’il fut considéré par toutes les équipes de la NFL comme le 199ème joueur le plus prometteur de la promotion universitaire à leur disposition cette année-là. Vingt ans plus tard, il est le joueur le plus titré, collectivement et individuellement, de son sport et compte un titre de champion de plus que l’immense Michael Jordan (mais “Air Jordan” a remporté six finales sur six et six couronnes de MVP alors que Tom Brady en a gagné respectivement sept sur dix et cinq).

Ce succès s’explique par deux règles que Tom Brady a toujours appliquées :

  • le leader d’une équipe doit être plus exigeant avec lui-même qu’avec les autres ;
  • le leader d’une équipe doit être au service de ses partenaires.

L’éthique de travail de Tom Brady est aussi légendaire, dans un style différent, que celles de Kobe Bryant et Michael Jordan. En outre, au lieu de se relâcher avec l’accumulation des distinctions, elle s’est renforcée. C’est ce qui lui permet, alors qu’il occupe la position la plus risquée (le quarterback est la cible des assauts des défenseurs adverses qui veulent l’intimider et l’anéantir comme le montre la première vidéo ci-dessus des mésaventures de Patrick Mahomes la nuit dernière) dans le sport collectif le plus dangereux, de continuer de gagner à 43 ans. Son exigence au quotidien dans tous les domaines physiques, psychiques et techniques liés à la pratique de son sport est la condition de sa longévité, et ce d’autant plus qu’il n’a pas un talent naturel lui permettant de compenser une éventuelle baisse de régime sur les autres plans.

C’est cette culture de l’auto-discipline qu’il a importée dans l’équipe des Tampa Bay Buccaneers qu’il a rejointe en début de saison. Cette équipe qui n’avait gagné plus de matches qu’elle n’en avait perdu que lors de deux saisons depuis 2009 a été métamorphosée par son intégration en son sein. En effet, comme tous les meilleurs leaders, Tom Brady manage par l’exemple : il est donc impossible d’être dilettante dans son environnement.

Tom Brady célébrant son septième Super Bowl – (CC) Entertainment Tonight

La seconde clé de son succès est l’idée que le fait d’être un leader donne plus de devoirs que de droits, une vue que j’affirme également de manière récurrente sur Superception. C’est ainsi que, au sein des New England Patriots, il laissait le coach Bill Belichick le traiter comme un débutant lorsqu’il commettait une erreur afin de montrer à ses coéquipiers que personne n’était au-dessus des autres en matière d’exigence. Cette attitude contraste de manière saisissante avec le comportement de certaines stars – on peut par exemple penser à Kylian Mbappé et Neymar en France – qui utilisent leur position de leader pour obtenir des passe-droits.

Dans la même logique, Tom Brady sacrifia plusieurs dizaines de millions de dollars de salaires afin de permettre à son équipe d’enrôler d’autres joueurs de qualité dans le cadre de la limite salariale imposée aux clubs de la NFL (Patrick Mahomes se comporta pareillement cette année). Dernier exemple plus anecdotique mais tout aussi révélateur lorsqu’on connaît l’importance de ce sujet chez les sportifs professionnels, Tom Brady était prêt, lorsqu’il rejoignit les Buccaneers à abandonner son numéro 12 fétiche – qui, incidemment, est aussi sa marque commerciale “TB12” de produits nutritifs et équipements sportifs – parce qu’il était porté par un autre joueur du club.

Beaucoup de champions considèrent que leur statut au sein de leur équipe fait d’eux une statue. Tom Brady, lui, ne se prend pas pour un monument car il veut toujours être en mouvement. Cette remise en question continue est peut-être plus naturelle pour ceux qui n’ont pas l’assurance-carrière d’un prodigieux talent mais elle n’en est pas moins admirable.

Au final, Tom Brady compte davantage de Super Bowls à son palmarès que n’importe quelle équipe de la NFL, une performance individuelle que l’on ne retrouve probablement dans aucun autre sport collectif.

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