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Communication.Management.Marketing

Toute vérité n'est que perception

La leçon de management de Léon Marchand (et quelques réflexions sur les JOP de Paris)

Avant d’en venir au sujet dont je veux vous entretenir aujourd’hui, permettez-moi trois commentaires sur ces Jeux olympiques et paralympiques :

  • Peut-être plus encore depuis l’étranger où j’écris ces lignes, ces Jeux confirment que les Français ne sont jamais meilleurs que lorsqu’ils sont au centre du monde : cet événement se révèle un vecteur de soft power sans égal pour notre pays aux niveaux national sur le plan sociétal et international d’un double point de vue patrimonial et culturel. Son héritage très léger sur le plan matériel (bienvenu pour notre dette étatique) sera plus que compensé par son legs immatériel.
  • Les professionnels de la victimisation ont encore frappé, jusqu’à inventer de fausses références à leur seule myopie visibles et à générer des menaces de mort contre leurs agresseurs imaginaires, cette fois les auteurs de la formidable cérémonie d’ouverture. L’esprit victimaire, que des philosophes ont analysé bien mieux que je ne le pourrais, est l’un des fléaux de notre époque. Il constitue un défi politique mais aussi communicationnel. Cette perversité, qui rode tel un vautour émotionnel autour du bonheur et de la résilience, empêche de plus en plus toute créativité : le fameux principe selon lequel “si l’on n’offense personne, on ne convainc personne” risque de devenir l’épitaphe de celle-ci. Le sport est, avec la musique, l’un des derniers langages universels. Pour combien de temps encore ?
  • Trois athlètes, outre Léon Marchand, m’ont marqué pendant ces Jeux dans ce qui constitue une sélection forcément subjective :
    • Simone Biles, une vraie victime de la vie, elle, qui s’est une nouvelle fois relevée pour mieux rebondir sur les agrès de l’Accor Arena et perdre avec autant, voire plus, de grâce que dans ses éblouissantes victoires de la semaine écoulée. Simone Biles arrive à être plus grande encore hors-compétition qu’en concours, ce qui n’est pas peu dire pour la meilleure gymnaste de tous les temps.
    • Stephen Nedoroscik, un gymnaste américain qui m’a autant impressionné par ses tours sur un bras au cheval d’arçons que par la luminosité de sa personnalité introvertie, modeste et émerveillée. Lui aussi est porteur d’une leçon de vie : notre enthousiasme est la première condition de notre bonheur.
    • Gabby Thomas, enfin, gagnante du 200 mètres féminin en athlétisme (après une médaille de bronze aux JOP de Tokyo) et qui, incidemment, est inspirée par une autre de mes icônes sportives, Allyson Felix. Surtout, Gabby Thomas est diplômée en neurobiologie de l’Université de Harvard et en épidémiologie de l’Université du Texas où elle s’entraîne désormais. Leçon : j’aurais beau taper contre les murs et crier de toutes mes forces, je n’aurais jamais autant de talents que Gabby Thomas. Le talent est une chance et donc une responsabilité. Bravo à elle de faire fructifier ses multiples dons au plus haut niveau.

Un autre athlète qui valorise au mieux ses dispositions naturelles est Léon Marchand, notre nouveau héros national. En particulier, son retour sur la finale du 200 mètres papillon est l’un des plus formidables moments de sport que j’ai dégustés ces dix dernières années.

Léon Marchand – (CC) Maddie Meyer/Getty Images

Outre ses performances, Léon Marchand m’a beaucoup intéressé par son approche de la compétition, inverse de celle de Didier Deschamps auquel je consacrais un article il y a trois semaines, au terme de l’Euro de football. Sans vision, sans stratégie, sans valeurs, Didier Deschamps ne jure que par la victoire et se retrouve donc démuni lorsqu’il ne gagne pas. Son magistère est dénué de toute autre idée que la quête du succès et n’est donc porteur d’aucune motivation intrinsèque pour ses joueurs et d’aucun enseignement pour les Français qui le suivent.

Malgré ses seulement 22 ans, Léon Marchand est beaucoup plus mature que son aîné. Thomas Sammut, son préparateur mental, expliquait ainsi sa vision de sa carrière en prenant l’exemple de la finale du 200 mètres papillon précitée :

Il y a quelque chose qu’il considère comme plus important que la victoire : il aime beaucoup apprendre. Il se sert de la natation pour continuer à apprendre sur lui, à grandir. […] Il y a deux jours, on déjeunait ensemble et il y avait l’une de ses médailles d’or sur la table. On ne s’en est même pas rendu compte. Parce que ce n’est pas ce qui importe. L’important, c’est de finir les épreuves. Les Jeux, c’est un tout pour lui, ce n’est pas une course. C’est vraiment arriver à toujours progresser en se découvrant au travers des épreuves, se mettre des défis et se dire : ‘est-ce que je suis apte à faire ces défis-là ?‘. C’est ce qui l’anime. Et si on ne fait pas ça, on passera à côté. Peut-être qu’il aurait été moins bon si on s’était dit qu’il vaudrait mieux nager trois épreuves plutôt que quatre car il y aurait moins de risques. Je pense qu’il serait arrivé ici en se disant qu’il l’avait déjà fait. Alors que, là, il est tenu en haleine. C’est son défi à lui, vraiment. On sent que c’est lui qui a fixé ça. Honnêtement, ce n’est ni l’entraîneur ni moi ni je ne sais qui. C’est lui“.

Pour Léon Marchand, le sport doit être au service du bonheur personnel, lequel ne peut résider dans la seule qualité des résultats engrangés. Le chemin de vie et de carrière qu’il a choisi rappelle les préceptes de celui qui est peut-être le plus grand coach de l’histoire du football américain, Bill Walsh. Ses mémoires portent un titre qui dit tout de la méthode qu’il recommande : “The Score Takes Care Of Itself“. Il y explique comment une organisation doit procéder pour que ses membres donnent leur meilleur sur la durée individuellement et collectivement. Dans sa vision, inverse de celle de Didier Deschamps, la recherche de la performance dicte le résultat au lieu que la recherche du résultat ne dicte la performance.

Il se trouve que je suis d’autant plus sensible à l’approche de Léon Marchand que l’apprentissage permanent est au coeur de ma philosophie de la vie. Mais le plus important est qu’elle peut être source à la fois de performance et d’épanouissement pour tout un chacun.

Un commentaire sur “La leçon de management de Léon Marchand (et quelques réflexions sur les JOP de Paris)”

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J’ai adoré la réaction de Léon Marchand après la quatrième place par équipe mixte. Il a été parfait, rendant hommage à l’équipe, positif.
Une réaction à l’américaine que j’ai trouvé excellente.

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