18 juin 2025 | Blog, Blog 2025, Communication, Marketing | Par Christophe Lachnitt
Nous vivons une double révolution médiatique
Elle concerne une destitution jumelle de la télévision traditionnelle.
La première est mise en exergue par le dernier rapport mensuel (The Gauge) en date de Nielsen sur les consommations médiatiques aux Etats-Unis : la part du streaming (44,8%) dans l’utilisation de la télévision a dépassé les parts combinées de la télévision hertzienne (20,1%) et de la télévision par câble (24,1%) pour la toute première fois au mois de mai.
Parmi les plates-formes de streaming, YouTube domine largement avec 12,5% du temps de consommation télévisée des Américains, devant notamment Netflix (7,5%), Disney (5%), Amazon Prime Video (3,5%), Paramount+ et Tubi (2,2% chacun), Warner Bros. Discovery (1,5%) et Peacock (1,4%) – voire le graphe reproduit ci-dessous. Notons qu’Apple TV+ n’apparaît même pas dans ce classement.

Il convient également de souligner que, contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas seulement les plus jeunes qui font le succès des offres de streaming : les téléspectateurs de plus de 65 ans sont le groupe d’âge qui a connu la plus forte croissance, depuis 2023, dans le visionnage de YouTube sur leur poste de télévision.
Nielsen prévient que le début prochain de la saison de football américain pourrait temporairement redonner une position dominante à la télévision traditionnelle, mais que la tendance lourde est en faveur du streaming.

La seconde destitution de la télévision américaine est mise en évidence par l’édition 2025 du Digital News Report du Reuters Institute et de l’Université d’Oxford, l’une des études que je lis avec le plus d’intérêt chaque année : elle signale que les Américains suivent davantage, là aussi pour la toute première fois, l’actualité sur les médias sociaux (54%) qu’à la télévision (50%) ou sur les sites et applications d’information (48%).

Ici, les écarts de comportement entre les différentes classes d’âge sont plus prégnants :

Selon la fameuse expression d’Ernest Hemingway, la chute de la télévision s’est produite, dans les deux cas, “graduellement puis soudainement”. Elle était attendue depuis plusieurs années déjà (cf. la chronique que j’en ai faite dans la Newsletter Superception). C’est une étonnante coïncidence qu’elle intervienne de manière concomitante face à ses concurrences directe (streaming) et indirecte (médias sociaux).
Il est impossible de surestimer l’impact de cette double destitution de la télévision traditionnelle à la fois dans le divertissement et dans l’information.
Or nous savons que l’Amérique préfigure, avec quelques années d’avance, les évolutions qui vont se manifester dans le reste du monde. Il est donc grand temps, pour les organisations qui ne l’ont pas encore entrepris, d’adapter leur communication et leur marketing à cette nouvelle réalité, dont témoigne d’ailleurs l’accord entre TF1 et Netflix annoncé aujourd’hui : leur adaptation va en effet rapidement percuter celle qui va être imposée par le chamboulement des pratiques médiatiques du fait de la généralisation de l’intelligence artificielle générative.