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Communication.Management.Marketing

Toute vérité n'est que perception

N’énervez pas un oiseau qui chasse le cochon !

Le désormais célébrissime jeu Angry Birds a révolutionné en quelques mois la manière dont les jeux vidéo sont perçus… pas forcément pour les raisons auxquelles on pourrait s’attendre. Et ce n’est qu’un début.

Développé par Rovio, une société finlandaise, Angry Birds met aux prises des volatiles en colère contre des cochons voleurs d’oeufs. Ce scénario et sa mise en scène ludique sont particulièrement addictifs pour les passionnés de jeu vidéo, ce qui est déjà une performance étant donnée la concurrence sur ce marché. Mais, plus étonnant encore, Angry Birds se révèle aussi le jeu qui attire le plus grand nombre de néophytes de toutes les classes d’âge n’ayant jamais joué à un jeu vidéo. Il faut dire que l’un de ses grands atouts, hormis son humour un peu déjanté mais pas trop, est qu’il offre une courbe d’apprentissage très rapide et est donc très accessible aux débutants, tout en permettant aux experts de ne jamais voir la fin des difficultés qu’il peut leur proposer. Autre avantage – qui m’a personnellement séduit -, on peut s’arrêter de jouer à tout moment sans conséquence sur sa progression dans le jeu et on peut donc s’offrir une petite séance d’Angry Birds même lorsqu’on n’a pas beaucoup de temps.

Un sympathique Angry Bird – (CC) Tomaž Štolfa

Le résultat est que, depuis le lancement d’Angry Birds sur iPhone en décembre 2009 et son expansion sur un nombre incalculable de plates-formes depuis lors – un article récent de Fortune.com indiquait qu’on peut désormais accéder à Angry Birds de 25 manières différentes -, ce jeu enregistre des performances hors du commun :

  • Il a été téléchargé plus de 200 millions de fois – le double du nombre de téléchargements enregistré il y a seulement trois mois !
  • Depuis décembre 2010, le seul bien virtuel que vous pouvez acheter sur Angry Birds, l’aigle tout-puissant qui élimine tous les cochons du niveau de jeu sur lequel vous vous trouvez, a été acquis par 50 millions de joueurs.
  • 3 millions de peluches d’Angry Birds ont été vendues dans le monde.
  • Les fans d’Angry Birds y jouent 200 millions de minutes cumulées chaque jour.
  • Angry Birds est désormais dans le Top 3 chinois des marques aux côtés de Disney et Hello Kitty.
  • Peter Vesterbacka, le patron marketing de Rovio, compte parmi les 100 personnes les plus influentes au monde listées par le magazine TIME au début de cette année.

Angry Birds est donc un phénomène de société d’autant plus impressionnant en termes de management de la perception qu’il n’a pas été promu à la manière des grands jeux vendus sur consoles et lancés avec des budgets marketing équivalents à ceux des plus grands films hollywoodiens. Le succès d’Angry Birds s’explique par le meilleur vecteur de promotion qui soit, le bouche-à-oreille. C’est une première leçon qu’on peut tirer de cette aventure : avant de viser la Lune et de dépenser des fortunes en marketing, mieux vaut d’abord se concentrer sur les fondamentaux de son produit comme Rovio l’a fait en concevant un jeu intelligent, drôle, facile à utiliser, très difficile à maîtriser et potentiellement séduisant pour l’ensemble de la population mondiale.

Mais la seconde leçon est qu’un succès aussi phénoménal ne s’explique presque jamais par les seuls mérites du produit, aussi grands soient-ils (Rovio avait d’ailleurs créé une cinquantaine de jeux avant Angry Birds). Il existe aussi et surtout parce que le produit en question arrive au moment idoine pour être tout à la fois le révélateur et le bénéficiaire d’une tendance profonde du marché qu’il cible. Dans le cas d’Angry Birds, Rovio a tiré parti involontairement du passage du jeu sur console au jeu sur mobile (smartphone, tablette…).

Ensuite, Rovio a su gérer très intelligemment son aubaine, se donnant pour priorité, avant de monétiser son succès, de développer sa marque. Son chiffre d’affaires n’a ainsi été que de 10 millions de dollars l’an dernier. Mais il s’est déjà élevé à 20 millions au seul premier trimestre 2011 et devrait atteindre entre 72 et 143 millions de dollars de chiffre d’affaires sur l’ensemble de l’année.

Cette intelligence, Rovio en fait également preuve dans le développement d’Angry Birds. Son objectif est d’en faire une franchise de loisir dépassant son territoire initial au même titre que “Mario” ou “La guerre des étoiles”. Dans l’immédiat, Rovio a signé un accord avec le fournisseur américain de streaming sur télévision Roku qui permettra à Angry Birds d’être pré-installé sur les terminaux numériques de la marque et de disposer d’un canal dédié pour diffuser les courts-métrages d’animation que Rovio développe depuis peu. Puis une version multi-joueur du jeu pour Facebook, des versions personnalisées pour la plate-forme Symbian de Nokia et pour le marché chinois, des jeux géolocalisés et… un film verront le jour. Au final, l’introduction en Bourse de Rovio pourrait intervenir en 2014.

Et ce sont encore les cochons les victimes de cette histoire. 🙂

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