USA Today vit dans le passé

Une relation des plus surannées au web.

Il y a quelques semaines, je publiais ici un article laudateur sur le nouveau design des versions papier et numérique de USA Today, le deuxième quotidien américain (en diffusion). Ce soir, je suis beaucoup moins séduit par leur dernière trouvaille.

Larry Kramer, le directeur de la publication du journal, vient en effet de déclarer ce que je considère comme une énormité lors de la Conférence Ignition organisée par le site Internet Business Insider à New York.

Il a affirmé que les contenus de USA Today ne sont pas prêts pour que le journal mettent en place un système payant (paywall, lire notamment ici) sur son site Internet à l’instar de ce que font par exemple The New York Times et The Wall Street Journal. Il pense qu’il aurait aujourd’hui davantage à y perdre qu’à y gagner car les productions du journal ne sont pas assez différentes des autres contenus disponibles sur le web. Mais il se déclare optimiste qu’elles le seront un jour.

(CC) Sjoerd van Oosten

Cette déclaration me paraît aberrante pour deux raisons :

• Kramer considère que les contenus produits par ses équipes ne sont pas assez attractifs pour être payants sur le web mais les vend chaque matin dans la version papier du quotidien. Il assimile donc à terme USA Today à un journal gratuit ;
• Kramer se tire une balle dans le pied en matière de marketing et de management. D’une part, il dévalorise son journal aux yeux de ses abonnés et lecteurs. D’autre part, il dévalorise leur travail aux yeux de ses équipes en l’amalgamant aux monceaux de contenus médiocres accessibles gratuitement sur le web.

Kramer, qui a par ailleurs profondément réformé USA Today pour l’adapter à l’univers numérique, fait donc ici montre d’une incompréhension étonnante de son écosystème.

Kramer contre Kramer en quelque sorte.