15 août 2016 | Blog, Blog 2016, Communication | Par Christophe Lachnitt
La campagne de Donald Trump nuit-elle à ses établissements commerciaux ?
Dans un article publié il y a trois semaines, je contestais une affirmation du candidat républicain selon laquelle “toute publicité est une bonne publicité”. Nous disposons désormais des données permettant d’arbitrer ce débat virtuel.
Donald Trump est probablement le candidat américain dans l’histoire politique moderne qui a phagocyté le plus l’attention médiatique. Outre les 3 milliards de dollars de présence gratuite sur les médias dont il a profité, il compte plus de 30 millions d’abonnés à ses différents comptes sur les réseaux sociaux.
Sur Twitter, son canal favori, il bénéficie d’un avantage de plus de deux millions et demi de fans sur Hillary Clinton (10,9 contre 8,3). En outre, il génère deux fois plus de retweets et trois fois plus de “likes” que la candidate démocrate.
Les propos de campagne de Trump échappent donc à très peu de citoyens et visiteurs des Etats-Unis. Leur nature, que beaucoup jugent anti-républicaine et anti-démocratique, a-t-elle un impact sur sa marque d’établissements éponyme ?
J’ai déjà évoqué sur Superception (lire notamment ici et ici) la faculté de l’application sociale de recommandations géolocalisées Foursquare d’analyser le trafic pédestre de ses 50 millions de membres pour constituer une base de données remarquable sur les comportements des consommateurs. Il s’agit d’intelligence géolocalisée, une forme d’intelligence économique rendue possible par la généralisation de l’usage du smartphone.
Foursquare a appliqué cette méthode aux établissements commerciaux de Donald Trump.
Il en ressort que le trafic pédestre près des hôtels, casinos et terrains de golf de Trump outre-Atlantique a diminué depuis le lancement de sa campagne en juin 2015 et que cette baisse s’est accentuée depuis le printemps dernier.
Jusqu’à son irruption sur la scène présidentielle, ce trafic avait été stable au cours des années. Mais, à l’été 2015, ses établissements ne connurent pas le trafic pédestre qu’ils avaient enregistré dans le passé, déplorant par exemple une baisse annuelle de 17% au mois d’août.
Cette désaffection s’établit durant plusieurs mois à une baisse à un chiffre. Puis, lorsque la primaire républicaine atteint son apogée en mars 2016, elle revint à deux chiffres (-17% en mars par exemple).
Trois établissements – le casino Taj Mahal à Atlantic City1, le Trump International Hotel & Tower à Chicago et le Trump SoHo Hotel à New York – furent particulièrement affectés avec des pourcentages de baisse annuelle compris entre 17% et 24%.
La connexion avec la campagne présidentielle de Donald Trump est évidemment difficile à démontrer mais Foursquare note cependant que la baisse du trafic pédestre dans ses établissements est particulièrement marquée (i) dans les Etats démocrates et (ii) au sein de la population féminine.
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1 Qui porte le nom de Trump mais n’est plus détenu par lui. Il est l’un des établissements concernés par les faillites du développeur immobilier.