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Communication.Management.Marketing

Toute vérité n'est que perception

La révolution numérique bascule dans la Terreur

Ses principales innovations altèrent la capacité des individus et organisations à communiquer.

Ce qu’il est convenu d’appeler la révolution numérique recouvre en réalité trois vagues technologiques successives :

  • la révolution numérique proprement dite a émergé au cours des années 1990 et se propage géographiquement depuis lors : en 2018, la moitié de la population mondiale devrait être connectée à Internet ;
  • la révolution sociale a surgi au cours des années 2000 et embrasse progressivement toutes les classes d’âge : 76% des Américains sont présents sur les réseaux sociaux ;
  • la révolution mobile s’impose au cours des années 2010 et phagocyte rapidement les pratiques des internautes : les propriétaires de smartphone consultent leur gadget 150 fois par jour.

Incidemment, cette dernière révolution a deux caractéristiques spécifiques :

  • elle représente l’addiction la plus forte des trois ;
  • elle n’est pas une addiction en soi mais un agent des deux autres addictions (numérique et sociale).

Au-delà de ses évidents bienfaits que j’évoque régulièrement sur Superception, chacune de ces trois révolutions a des répercussions négatives en matière de communication.

(CC) Blake Patterson

(CC) Blake Patterson

La révolution numérique est synonyme d’ubiquité : les informations circulent beaucoup plus rapidement et facilement (les deux aspects sont aussi importants l’un que l’autre). Ce faisant, comme l’a relevé Dominique Wolton, des différences culturelles qui n’étaient pas visibles précédemment sont désormais exposées au grand jour. Cela rend la communication plus difficile en exacerbant les dissensus alors que “communiquer”, étymologiquement, signifie mettre en commun.

La révolution sociale est synonyme d’interactivité : l’expression publique n’est plus réservée aux acteurs de l’actualité et aux experts. Chacun peut prendre la parole sur le web social où toutes les opinions ont la même visibilité et la même valeur. Cela rend la communication plus difficile en relativisant tous les informations et raisonnements alors que communiquer nécessite un accord cognitif minimal.

La révolution mobile est synonyme d’instantanéité1 : nous sommes toujours connectés à Internet. De ce fait, notre appréhension du monde dans lequel nous vivons est aussi permanente qu’éphémère. C’est ce que j’appelle “la civilisation Snapchat“. Celle-ci rend la communication plus difficile en créant un climat de défiance généralisée alors que communiquer ne peut se faire sans confiance.

Au final, ces trois révolutions engendrent deux types de dérive perceptive : des troubles de l’attention (déficit, hyperactivité, impulsivité) et un nomadisme croissant des affiliations. Ceux-ci sont naturellement à l’oeuvre dans le champ commercial mais c’est dans l’univers politique qu’ils sont le plus dangereux comme le montrent l’avènement de “l’ère post-factuelle“, la polarisation extrême du débat citoyen et la dissolution inquiétante du vivre-ensemble.

C’est pourquoi, en matière de communication, la révolution numérique bascule, toutes proportions gardées, dans la Terreur : l’arbitraire règne sur la formation des perceptions et le respect de la vérité, fondement démocratique s’il en est, se trouve réprimé.

1 Ce qui aura été déterminant pour installer le règne de l’instantanéité numérique n’est pas tant la diffusion instantanée de contenus (par exemple sur Twitter) que la faculté des internautes, grâce à la généralisation des smartphones, de consommer ces contenus de manière permanente et donc instantanée.

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