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Communication.Management.Marketing

Toute vérité n'est que perception

Pour mieux manager à l’ère numérique, oubliez tout ce que vous savez

La révolution numérique rend la connaissance de moins en moins utile.

Nous avons en effet accès sur nos smartphones à tout le savoir du monde dans tous les domaines et les progrès de l’intelligence artificielle rendent l’accession à ce savoir de plus en plus simple et rapide : les systèmes numériques acquièrent des connaissances1 toujours plus rapidement, les traduisent dans un nombre de langues toujours plus grand et comprennent nos recherches de manière toujours plus intuitive.

De fait, il importe désormais davantage de poser les bonnes questions que d’avoir les bonnes réponses. L’intelligence, ou du moins sa valorisation, évolue.

Ainsi la célèbre citation d’Albert Einstein est-elle plus pertinente que jamais :

Le moindre imbécile peut savoir. L’essentiel est de comprendre“.

Cette évolution induit trois conséquences pour les leaders et managers.

La première est d’ordre psychologique. Les dirigeants ont le plus souvent une nature compétitive. Celle-ci leur permet de gravir les échelons de leur entreprise mais elle les conduit aussi à vouloir avoir réponse à tout. Rares sont, dans les comités exécutifs, les individus qui se concentrent sur le fait de poser les bonnes questions plutôt que de donner les bonnes réponses : ils ont l’impression de plus briller en affirmant qu’en s’interrogeant. Cette logique va s’inverser et cette inversion contribuera à la fin des mâles alpha.

(CC) Jonathan Cohen

En deuxième lieu, l’expérience va revêtir une importance croissante. Les managers vont de plus en plus s’appuyer sur leur vécu car c’est lui qui permet de poser les bonnes questions. Comme Robert Lovett, le ministre de la Défense d’Harry Truman pendant une grande partie de la Guerre de Corée, l’avait suggéré à Robert Kennedy durant la crise des missiles de Cuba :

La capacité à prendre de bonnes décisions est généralement le fruit de l’expérience. Et l’expérience résulte fréquemment de mauvaises décisions“.

A cet égard, la primauté de l’expérience sur la connaissance donnera un caractère toujours plus décisif à la prise en compte par les entreprises de la diversité en leur sein. Celle-ci, en effet, n’a pas seulement une valeur éthique.

Elle contribue à la performance en permettant notamment aux organisations concernées de plus complètement envisager tous les aspects d’un sujet, de favoriser la créativité (laquelle naît souvent de la conjonction d’idées sans lien direct), de faire montre de plus d’empathie pour les parties prenantes d’une entreprise (lesquelles sont toujours moins homogènes que ses collaborateurs) et, last but not least, de promouvoir le respect d’autrui. L’heureux paradoxe de cette approche est donc que le retrait sur notre propre expérience va nous conduire vers autrui.

Last but not least, la troisième conséquence de l’évolution du rapport à l’intelligence réside dans le fait que tous les dirigeants auront plus de chances d’agir en “disrupteurs”. En effet, ce qui distingue notamment les capitaines d’industrie qui révolutionnent leurs marchés (Elon Musk, Steve Jobs…) est leur capacité à poser des questions fondamentales sur leurs activités que les autres managers, figés dans leurs habitudes et leurs positions acquises, n’envisagent même pas. Dès lors que ces derniers auront pris l’habitude de privilégier l’interrogation sur l’affirmation au quotidien, un nouveau réservoir d’innovation s’ouvrira à eux.

1 Qu’elles concernent des recherches théoriques ou des données pratiques recueillies par les senseurs qui équipent un nombre toujours plus grand de systèmes industriels et grand public.

6 commentaires sur “Pour mieux manager à l’ère numérique, oubliez tout ce que vous savez”

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Hello Christophe, pour une fois, je ne suis pas d’accord avec toi. Ce serait une grave erreur de croire que l’accès facile aux connaissances – et quelles connaissances ? – permet de remplacer la connaissance par apprentissage. Au contraire, je reste convaincu que dans ce monde qui est de plus en plus numérisé, la connaissance acquise est un avantage que chacun peut prendre sur les autres, car elle permet de s’orienter dans le maelström de données qui s’offre à nous.

Prenons un exemple simple. Un lecteur assidu de livres d’histoire peut analyser de manière beaucoup plus subtile les événements actuels, qu’un individu certes doté de bonnes capacités d’analyse, mais qui partirait avec une mémoire vierge et un simple accès à Google. Le premier peut comparer, évaluer, alors que le second va vitre se perdre dans le choix des données qu’on lui présente, sans guide pour s’y retrouver…

Cher Hervé,
Merci pour ton commentaire.
Au-delà de l’hyperbole du titre, je ne plaide évidemment pas pour l’ignorance totale. Cela ne saurait cohérent ni avec ma vision de la vie (un long apprentissage) ni même avec la raison pour laquelle j’ai créé Superception (toujours apprendre sur mon métier).
Ce pour quoi je plaide est un rééquilibrage entre l’interrogation et l’affirmation dans le management. Pour le dire plus scientifiquement que dans mon article, je ferai référence au livre “The Forgetting Machine: Memory, Perception, And The Jennifer Aniston Neuron“, qui vient de paraître, dans lequel le spécialiste des neurosciences Rodrigo Quian Quiroga explique que notre cerveau n’emmagasine pas autant de connaissances qu’il le pourrait théoriquement car il réserve une partie de ses capacités à l’analyse et la réflexion. A l’ère numérique où nous pouvons stocker beaucoup de connaissances hors de notre cerveau, je plaide pour que l’on dédie davantage des ressources de celui-ci à la compréhension – des faits et des autres – à partir de la diversité de nos expériences.
Cette capacité d’analyse repose naturellement, comme tu le soulignes, sur les connaissances acquises, lesquelles instruisent notre lecture des événements et nourrissent notre intuition. Ainsi les sujets au sujet desquels je réfléchis modestement sur Superception sont-ils des domaines sur lesquels j’ai été formé et ai travaillé. Je ne suis pas capable de réfléchir à des thématiques dans lesquelles je suis totalement incompétent.
La connaissance permet donc la réflexion mais je crois que notre époque nous offre la grande chance de pouvoir nous consacrer davantage encore à celle-ci qu’à celle-là.
J’espère t’avoir rassuré. 🙂
Amicalement.
Xophe

Bonjour la compréhension ne passe-t-elle pas l’expérimentation et la pratique?
Le feu ça brûle. Tant que vous ne vous brûlez pas vous ne saurez jamais la compréhension total de « ça brûle » non?

Bonjour,
Certes mais cela ne marche pas pour tout : on n’apprend pas la dermatologie en se brûlant. 🙂
Bien à vous.
Xophe

Bonjour
Ne peut on pas se faire remarquer( mousser) aussi par la question tout autant que la réponse attendue ?
Certains journalistes sont connus pour cela dont on dit d’eux que la question est plus importante que la réponse !
Ph Bouvard , fin et lettré, bon linguiste , disait qu’il faisait toujours en sorte de poser une question dont il savait à peu près à coup sûr qu’elle ne serait pas embarrassante pour son invité ; et cela par expérience du journalisme mondain !
Vous ne trouverez jamais cela sur Google
N’oublions pas que la « forme »orale ou écrite malheureusement s’appauvrit par perte de la maîtrise de la langue; à cause entre autre des smartphones ! Néanmoins
«  ce qui se conçoit bien … vous connaissez la suite !
Cordialement

Bonjour,

En effet, on peut se faire remarquer par ses questions. Mais, si c’est parfois le cas dans le milieu journalistique, cela l’est moins dans celui des entreprises, du moins me semble-t-il.

Très bonne soirée.

Xophe

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