Fermer

Ce formulaire concerne l’abonnement aux articles quotidiens de Superception. Vous pouvez, si vous le préférez, vous abonner à la newsletter hebdo du site. Merci.

Fermer

Communication.Management.Marketing

Toute vérité n'est que perception

Que vaut une victoire obtenue contre ses propres valeurs ?

La fin justifie-t-elle encore tous les moyens ?

L’un des scrutins qui s’est déroulé cette semaine aux Etats-Unis a vu le Parti démocrate se dévoyer au-delà de toute raison. Il a en effet conçu, financé et diffusé des campagnes de publicité mettant en avant John Gibbs, l’un des candidats à la primaire organisée dans le Michigan pour y déterminer le prochain prétendant républicain à la Chambre des Représentants. Or John Gibbs affirme que la dernière élection présidentielle a été volée par Joe Biden, position qui lui vaut le soutien de Donald Trump.

Pourquoi le Parti démocrate s’est-il ainsi immiscé dans une primaire républicaine pour soutenir un tel révisionniste ? Parce qu’il considérait que celui-ci serait un candidat moins dangereux dans l’élection générale. Cette approche est d’autant plus dérangeante que John Gibbs était opposé à Peter Meijer, l’un des dix seuls représentants républicains à avoir voté en faveur du second impeachment de Donald Trump relatif à son rôle dans l’insurrection du 6 janvier 2021. Peter Meijer avait donc pris des risques considérables, pour son futur politique au sein d’un Parti républicain dominé par l’ancien Président comme pour la sécurité de sa famille, afin de faire triompher les principes démocratiques des Etats-Unis.

C’est pourtant ce candidat que le Parti démocrate a choisi d’affaiblir en faisant la publicité de son opposant. Ses spots, à l’exemple de celui-ci, font semblant de présenter John Gibbs comme “trop conservateur” pour le Michigan avant de mettre en exergue toutes ses caractéristiques qui plaisent aux supporters de Donald Trump.

Celui que les démocrates encensent ainsi n’avait pourtant pas pu obtenir la confirmation du Sénat, en 2020, pour occuper une responsabilité élevée dans l’Administration Trump en raison, outre ses commentaires hostiles sur l’islam, d’accusations qu’il avait portées contre John Podesta, le patron de la campagne présidentielle d’Hillary Clinton, d’avoir pris part à un “rituel satanique” et contre les démocrates d’être le parti de “l’islam, de la confusion des sexes, de l’anti-police et du racisme“.

(CC) Kenzie Academy

Même s’il est le plus emblématique, le soutien des démocrates à John Gibbs ne fut malheureusement pas le seul qu’ils apportèrent cette semaine à des insurrectionnistes : au total, le Parti dépensa 44 millions de dollars dans cette optique.

Les dirigeants démocrates qui justifièrent cette approche expliquèrent, en synthèse, que la fin justifie les moyens. C’est ignorer le danger que fait courir la fascisation actuelle du Parti républicain à la démocratie américaine et le risque qu’induit toute contribution à la promotion de ses thèses et candidats. Plus que d’un compromis avec les principes du Parti démocrate, c’est donc d’une vraie compromission qu’il s’agit. Si les décisionnaires démocrates avaient respecté les fondements de leur organisation, ils auraient prisé le débat avec un opposant républicain respectable plutôt que de concourir à son élimination au profit d’un factieux.

Plus globalement, la primauté absolue accordée aux résultats à l’exclusion de tout credo est de moins en moins supportable dans nos Sociétés. C’est évidemment le cas dans l’activité politique qui est censément fondée sur la diffusion et la réalisation de convictions. Cela l’est aussi dans le monde corporate où les attentes de plus en plus fortes des salariés et des consommateurs en matière de sens représentent une réalité incontournable, le leadership sociétal étant désormais perçu comme un rôle intrinsèque des entreprises.

L’opposition entre résultats et valeurs est donc caduque et les dirigeants vont devoir apprendre à conjuguer ces deux enjeux. A cet égard, la responsabilité sociétale des entreprises va devoir inspirer leur stratégie plutôt que d’en constituer un appendice trop souvent secondaire. Je suis même convaincu que, sans nier les réalités économiques, il va devenir plus tolérable de porter des valeurs fortes sans atteindre des résultats mirifiques que l’inverse.

L’ère de la croissance à tout prix est terminée.

Ajouter un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

Remonter

Logo créé par HaGE via Crowdspring.com

Crédits photos carrousel : I Timmy, jbuhler, Jacynthroode, ktsimage, lastbeats, nu_andrei, United States Library of Congress.

Crédits icônes : Entypo