Repenser la loyauté managériale

Passer d’un lien vertical et égoïste à un lien horizontal et altruiste.

Certains managers font primer la loyauté à leur personne sur la loyauté vis-à-vis de l’organisation dont ils relèvent et, même, sur la compétence.

Naturellement, un certain degré de loyauté personnelle est important pour qu’une collaboration manager-managé fonctionne car cette vertu est gage de confiance. Il est impossible, pour un manager, de travailler avec une personne dont il se demande à chaque instant si elle ne va pas le poignarder dans le dos.

Mais cette relation sommaire à la loyauté induit une double erreur.

En premier lieu, la loyauté, si on la considère à une personne, ne peut être unilatérale. La confiance qu’elle induit doit exister tout autant du manager vers le managé que du managé vers le manager. Le collaborateur a tout autant, voire plus, besoin de confiance que le leader. En particulier, il doit savoir qu’il a le droit à l’erreur pour apprendre et pour prendre des risques (innover, saisir des opportunités, gérer des crises…), à condition (i) qu’il ne commette la même erreur qu’une fois et (ii) qu’il ne cherche à progresser que dans l’intérêt général.

En second lieu, et surtout, la vision de la notion de loyauté par un manager doit, à mon sens, être inversée. Le manager ne doit pas surveiller la loyauté de ses collaborateurs à sa personne. Il doit recruter ou promouvoir des collaborateurs qui sont animés des mêmes valeurs que lui, et leur demander de surveiller sa loyauté à ces valeurs.

Au travail comme en amitié, l’un des signes ultimes de la loyauté est de dire à son interlocuteur ce qu’il n’a pas envie d’entendre. C’est le rôle du manager que de développer une atmosphère dans laquelle ses collaborateurs savent que l’intégrité attendue ne concerne pas la préservation de sa personne, mais celle de l’intérêt général de l’organisation et des valeurs de celle-ci.

La loyauté n’est pas l’allégeance : le manager ne doit pas exiger une loyauté exclusivement pour lui, mais l’incarner envers un dessein collectif plus grand que lui.

La loyauté n’est une vraie valeur que lorsqu’elle est altruiste.