The Daily, reine d’un jour

Avenir de la presse écrite : ce n’est pas si simple.

Rupert Murdoch, le patron de l’empire médiatique News Corporation (qui détient notamment The Wall Street Journal, The New York Post, l’agence Dow Jones, Fox News, la 20th Century Fox, The Sun et The Times), a annoncé que The Daily, son quotidien diffusé exclusivement sur smartphones et tablettes, cesserait de paraître dans quelques jours. Lancé début 2011, The Daily avait été accueilli avec prudence par un univers de la presse écrite déjà traumatisé par sa foudroyante perte de terrain face aux médias numériques.

Aujourd’hui, nombre d’hypothèses sont émises pour expliquer l’échec du Daily : circuit de diffusion trop limité, absence de fonctionnalités sociales pour partager des articles avec ses relations, prix de l’abonnement trop élevé…

Même si toutes ces explications sont recevables, la vraie raison de l’échec du Daily tient à mes yeux à la faiblesse relative de son contenu par rapport à ses concurrents papier et/ou numériques. Il n’offre pas des reportages, des analyses ou un ton qui le rendent suffisamment original pour survivre dans une offre médiatique déjà excédentaire.

(CC) Scott Beale

Comme le note Dylan Byers dans POLITICO, les autres médias ne se réfèrent (presque) jamais à des scoops ou des éditoriaux du Daily. Ce n’est donc pas que chez les lecteurs, mais aussi au sein de sa profession, que le quotidien tout-numérique n’a pas su trouver une audience attentive.

L’innovation de Rupert Murdoch n’aura donc été que la reine d’un jour, celui de son lancement en grande pompe avec le soutien d’Apple. Aujourd’hui, sa disparition prématurée démontre que, contrairement aux espoirs de certains, il ne suffit pas de passer d’un support papier à un support numérique pour conquérir une audience.

In fine, ce sont les contenus qui font la différence et c’est la meilleure nouvelle qui soit pour la survie d’une presse de qualité.