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Toute vérité n'est que perception

La différence entre activisme et journalisme

Cas pratique avec les dernières déclarations de Glenn Greenwald, le relais médiatique des fuites d’Edward Snowden sur la NSA.

Glenn Greenwald est un avocat américain qui créa en 2005 un blog indépendant sur des sujets juridiques et politiques, blog qu’il hébergea ensuite au sein du site Salon.com puis du Guardian à partir de l’été 2012. C’est lui qui s’est fait le relais, dans les pages et sur le site web du Guardian, des révélations nées des fuites organisées par Edward Snowden (lire ici).

J’ai consacré récemment deux articles (lire ici et ici) à donner ma définition du journalisme et à expliquer ce qui distingue à mon sens un journaliste d’un activiste ou d’un journaliste-citoyen. J’y indiquais notamment que je considérais Glenn Greenwald comme un activiste parce qu’il révèle des informations pour faire avancer une cause et que, ce faisant, il fait prévaloir l’éthique de conviction sur l’éthique de responsabilité (pour reprendre la distinction opérée par Max Weber) à l’inverse de ce que, à mes yeux, un journaliste doit faire.

Il ne s’agit pas d’établir une échelle de valeurs entre activisme et journalisme. Se battre pour ses convictions est éminemment respectable. En outre, je ne me sens pas le coeur de blâmer un individu qui, comme Glenn Greenwald, consacre autant d’énergie à aider les chiens en détresse, un autre de ses engagements. 😉

Cependant, ses dernières déclarations, après que la police britannique a interrogé David Miranda, son compagnon, pendant neuf heures et saisi son PC, son téléphone mobile et ses cartes-mémoires lors de son passage par l’aéroport de Heathrow, illustrent la distinction que j’opère entre activisme et journalisme.

(CC) Reuters

(CC) Reuters

Ainsi que la dépêche de Reuters reproduite ci-dessus – laquelle définit d’ailleurs Greenwald comme un journaliste – le relate, l’avocat américain a déclaré qu’il allait publier davantage de documents et que la Grande-Bretagne serait désolée de s’être ainsi comportée avec son compagnon : “je serai dorénavant beaucoup plus agressif dans mes écrits. Je vais publier beaucoup plus de documents. Je vais également publier des éléments sur la Grande-Bretagne. Je possède beaucoup de documents sur le système d’espionnage de la Grande-Bretagne. Je pense qu’ils vont être désolés de s’être comportés ainsi“.

Glenn Greenwald a contesté la formulation de la dépêche de Reuters sur son fil Twitter en synthétisant comme suit son échange avec les journalistes :

La détention de votre compagnon par la police britannique va-t-elle vous dissuader de poursuivre vos reportages ? Absolument pas. Au contraire, elle va avoir la conséquence inverse. Elle va m’enhardir : je détiens beaucoup plus de documents, y compris certains sur la Grande-Bretagne sur laquelle je vais désormais davantage me concentrer. Je serai plus agressif, pas moins, dans mes écrits.

Quel impact aura à votre avis la détention de votre compagnon par la Grande-Bretagne ? Lorsqu’ils se comportent ainsi, ils montrent au monde leur véritable caractère. Cela va se retourner contre eux. Je pense qu’ils vont le regretter.

Il est vrai, si l’on en croit le compte-rendu de Greenwald, que la dépêche de Reuters, qui a depuis largement été reprise par d’autres médias, est plus sensationnaliste que les propos de l’avocat. Il me semble cependant que, pour reprendre ma distinction weberienne, Greenwald relève de l’éthique de conviction et non de l’éthique de responsabilité dans les propos qu’il s’attribue.

Pourquoi, sinon, choisir les pays auxquels il s’intéresse en fonction du comportement de leur police vis-à-vis de ses proches ?

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