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Toute vérité n'est que perception

Obama contre lui-même

Alors qu’approche inexorablement la date butoir pour le relèvement du plafond de la dette américaine, on ne peut que s’étonner de la remarquable obstination que met Barack Obama à jouer contre lui-même dans la bataille de perception qu’il livre aux Républicains.

Washington – c’est-à-dire le pouvoir fédéral – a une image aussi mauvaise aux yeux des Américains que Bruxelles – c’est-à-dire les institutions de l’Union européenne – chez les Français. Cette perception est générée pêle-mêle par l’insuffisante efficacité du gouvernement fédéral, par sa distance à l’égard du peuple et, last but not least, par le fait que “Washington” est un punching ball facile pour tout candidat à une élection locale ou nationale.

Le Capitole, siège du Congrès – (CC) SP8254 – Catching Up

Ce qui est étonnant est que Barack Obama soit lui aussi tombé dans ce travers. Alors que son positionnement politique a toujours été celui d’un rassembleur – il avait ainsi fait irruption sur la scène nationale avec un discours à la Convention démocrate de 2004 sur le rassemblement de l’Amérique rouge (républicaine) et de l’Amérique bleue (démocrate) -, Obama s’en est pris plus souvent qu’à son tour depuis lors à “Washington”. Cette dérive avait été perceptible dès sa campagne pour la primaire démocrate face à Hillary Clinton : la condamnation de Washington valait alors critique du système en place incarné jusqu’à la caricature par son adversaire. C’était aussi une manière pour Obama de gérer le débat sur sa propre inexpérience.

Aujourd’hui qu’il est Président, la rhétorique d’Obama est encore plus enfiévrée contre les blocages de Washington, et ce alors même qu’il dirige le système qu’il vilipende – le Président américain est le chef du gouvernement (qui, contrairement au système de la Vème République française, comprend les trois branches exécutive, législative et judiciaire). Le paradoxe est que, ce faisant, il fait sienne la tactique de ses opposants : chaque parti critique “Washington” pour en fait dénigrer le camp adversaire. La capitale fédérale est devenue synonyme, dans le dictionnaire politique américain, de “nos adversaires”. C’est la solution de simplicité par excellence.

Le problème d’Obama est qu’il oublie que c’est lui qui aura des comptes à rendre dans un an et demi lors de la prochaine élection présidentielle. Il sera alors notamment jugé sur ce qu’il aura accompli en obtenant les votes nécessaires au Congrès et sur la promesse qu’il avait faite lors de la campagne présidentielle de réformer le fonctionnement du pouvoir fédéral.

En reprenant à son compte le bréviaire anti-Washington récité par tous les hommes politiques américains depuis des lustres, Obama joue donc doublement contre lui-même en termes de perception :

  • n’ayant pas le génie tactique de Bill Clinton, ces attaques ne lui suffiront pas pour mettre en exergue lors de la prochaine élection le manque de coopération des Républicains ;
  • il déçoit une partie de l’électorat indépendant – l’électorat-charnière qui est décisif dans toute élection américaine – sur les attentes très grandes qu’il avait générées dans le domaine de la coopération bipartisane lors de sa campagne. A posteriori, on peut penser qu’il s’était tendu un piège tout seul car, pour coopérer, il faut être deux et les Républicains, poussés sur leur droite par le mouvement Tea Party, semblent prêts à tout sauf à tendre la main au Président.

Fort heureusement pour Obama, les Républicains semblent aussi très occupés à saper leurs propres chances par manque d’un candidat d’envergure et par conformisme excessif avec le Tea Party.

A ce stade, il semble donc que l’élection présidentielle américaine de 2012 doive être une élection par défaut.

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