25 mars 2012 | Blog, Blog 2012, Communication | Par Christophe Lachnitt
La tectonique des rotatives
La dernière étude du Pew Research Center’s Project for Excellence in Journalism sur l’état des médias d’information est riche d’enseignements passionnants… et de surprises.
De nombreux commentateurs affirment que le développement des nouvelles technologies aurait notamment pour conséquence une dégradation de l’information du grand public. Or le rapport du Pew Research Center indique que le développement des appareils mobiles nous donne un accès toujours plus permanent à l’actualité. Un quart des Américains suivent ainsi désormais les nouvelles sur leurs gadgets mobiles. Et ils y passent plus de temps sur les sites d’information que lorsqu’ils les visitent depuis leur ordinateur. Naturellement, cet accès presque ininterrompu à l’actualité ne va pas toujours de pair avec une qualité irréprochable de l’information.
La presse écrite ne bénéficie d’ailleurs pas de cette tendance et a de plus en plus de difficultés à s’adapter au nouvel univers créé par l’essor du numérique sous toutes ses formes. “Lorsqu’on agrège les revenus des ventes et de la publicité, l’industrie de la presse écrite a régressé de 43% depuis 2000”, indique le rapport.
Les leaders des nouvelles technologies jouent un rôle de plus en plus important dans l’information du grand public et récoltent une part croissante des revenus publicitaires afférents. Ainsi le rapport cite-t-il une analyse d’eMarketer selon laquelle cinq entreprises s’adjugent 68% de tous les revenus publicitaires en ligne : Facebook, Google, Yahoo!, Microsoft et AOL. En 2015, Facebook devrait même truster un cinquième de toutes les publicités en ligne.
En 2011, selon le Pew Research Center, tous les médias d’information – sites Internet, télévision, radio… – ont vu leur audience augmenter, à l’exception de la presse écrite. Cela signale que ce n’est pas l’appétence du grand public pour l’actualité qui recule mais bien l’attractivité de la presse écrite.
Autre révélation surprenante du rapport, les médias sociaux constituent encore une part minime de l’accès du grand public à l’actualité. Facebook, Twitter et Consorts ne représentent que 9% du trafic vers les sites Internet d’information. En outre, il apparaît que les réseaux sociaux constituent des voies d’accès supplémentaires vers les sites d’information mais ne remplacent pas l’accès direct des gens vers ces sites.
La révolution de l’information ne fait que commencer mais, pour certains acteurs, il sera bientôt trop tard pour y jouer un rôle moteur.