11 octobre 2013 | Blog, Blog 2013, Communication | Par Christophe Lachnitt
Contre la transparence absolue
Tout ne gagne pas à être rendu public.
La presse américaine ne cesse de s’interroger sur les raisons de la fermeture (partielle*) du gouvernement fédéral américain, la première depuis 1995 et déjà la sixième plus longue de l’Histoire.
Au-delà de la radicalisation de l’Amérique (lire notamment ici, ici, ici et ici), il est un autre facteur qui contribue à l’aggravation de la situation : la transparence croissante de la vie politique outre-Atlantique.
Ainsi que je l’ai déjà fait valoir sur Superception (lire notamment ici), la quête de transparence totale s’apparente à mes yeux au totalitarisme. Elle est en effet attentatoire à l’une de nos libertés essentielles, celle d’un espace privé. Qui en effet peut affirmer qu’il se comporte toujours à l’identique lorsqu’il est en public et dans son cercle intime ?
Il en va de même pour les responsables économiques et politiques. Ainsi qu’Ezra Klein, l’excellent blogueur du Washington Post, le remarquait il y a quelques jours, les entreprises ne rendent pas publiques leurs négociations quand elles préparent une fusion. Elles n’en communiquent que le résultat.
En politique comme en business, certaines négociations gagnent à être menées à l’abri des regards afin d’éviter que leurs protagonistes se sentent obligés de jouer un rôle pour complaire à leurs différentes parties prenantes. Ainsi la publicité des discussions entre Démocrates et Républicains ne fait-elle que les exacerber. Lorsque la transparence totale règne sur la vie politique, la stature des hommes d’Etat laisse la place aux postures des apostats.
* Les missions critiques (sécurité, justice, opérations militaires à l’étranger, contrôle aérien…) continuent d’être assurées.