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Communication.Management.Marketing

Toute vérité n'est que perception

Après l’Australie, le Canada s’avachit dans une idéologie anti-numérique aberrante

L’été a vu le délire public contre les plates-formes numérique gagner – et faire perdre – le Canada.

Meta a commencé à mettre fin, conformément à ses menaces, à la disponibilité des contenus d’actualité sur Facebook et Instagram au Canada en réponse à la loi sur l’information numérique adoptée par ce pays. Ce texte, qui devrait entrer en vigueur d’ici la fin de l’année, reprend la logique viciée établie en Australie à l’instigation de Rupert Murdoch (que j’avais dénoncée à l’époque sur Superception) : considérer que ce sont les plates-formes qui bénéficient de relayer des liens URL vers des contenus de médias d’information et non l’inverse et les faire payer sur le fondement de ce raisonnement bancal.

En effet, l’actualité représente une part minime de l’engagement des membres des grands services numériques (et leur coûte possiblement plus cher en modération qu’elle ne leur rapporte en publicité), alors que le trafic redirigé par ceux-ci constitue une part significative de l’attention dont bénéficient les sites web des organes de presse. D’ailleurs, alors que Meta a considérablement réduit la place allouée aux actualités sur Facebook ces derniers mois aux Etats-Unis, les médias d’information américains observent à regret une baisse considérable (jusqu’à -40%) du trafic de redirection sur leurs sites.

La réalité du rapport de forces entre les géants du numérique et les médias d’information ne tarda pas à être confirmé par trois faits :

  • Les dirigeants canadiens, Justin Trudeau en tête, accusèrent | Meta de prioriser ses profits sur la sécurité des Canadiens en supprimant les contenus d’actualité de ses services alors que des feux épouvantables ravagent le pays, démontrant par là même l’utilité de Facebook dans le domaine précis au sujet duquel ils voulaient le punir.
  • Après quelques semaines d’effectivité, la décision de Meta n’a eu d’impact ni sur le nombre d’utilisateurs actifs quotidiens ni sur le temps passé sur Facebook au Canada.
  • Meta a annoncé aujourd’hui l’abandon de l’onglet “Actualités” sur Facebook en Allemagne, en France et au Royaume-Uni, accréditant de nouveau l’intérêt décroissant de ses membres pour ce sujet.
Justin Trudeau – (CC) Reuters/Amber Bracken

Le triste épisode canadien affermit la position que j’ai toujours soutenue sur Superception à propos des relations entre les médias d’information d’une part et Facebook (et Google) d’autre part : ceux-là ont davantage besoin de ceux-ci que l’inverse et ils s’en rendent compte désormais qu’ils ne disposent plus du trafic généré par le premier réseau social de la planète. En réalité, les tentatives des médias d’information, soutenus par certains gouvernements, de faire payer les plates-formes numériques pour le simple relais de liens vers leurs publications d’actualité relèvent du racket, comme si les fabricants de bougies avaient fait payer ceux d’ampoules électriques lors de la popularisation de l’électricité.

Les fidèles de Superception savent combien j’aime les Canadiens et abhorre Mark Zuckerberg mais les faits sont têtus. Si les gouvernements concernés étaient honnêtes avec leurs parties prenantes, ils subventionneraient les médias d’information – comme c’est le cas en France – pour assurer leur survie face à la révolution numérique. Ce ne serait pas une meilleure option, de mon point de vue, sur le plan démocratique mais cela aurait au moins le mérite de la logique.

Incidemment, mon point de vue serait différent si, demain, Bard, ChatGPT et/ou Claude proposaient un service dans le cadre duquel ils “liraient” des articles d’actualité afin de les résumer pour leurs utilisateurs sans que ceux-ci aient accès aux sources concernées. Et pourtant, des résumés, contrairement à des citations, ne sont pas couverts par le droit de la propriété intellectuelle.

Au final, c’est l’analyste Benedict Evans qui a le mieux résumé la situation en soulignant que l’approche australo-canadienne reviendrait à “faire payer les journaux une dîme aux studios de cinéma lorsqu’ils écrivent une critique de film“.

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