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Tennis et management : changer est beaucoup plus difficile que s’adapter

En ce week-end de finale de Coupe Davis, un parallèle entre tennis et management s’impose.

A cet égard, je voudrais vous parler aujourd’hui de l’un des joueurs les plus sous-cotés de l’histoire du tennis, Mats Wilander, et de ce que je considère comme l’un des plus grands exploits de ce sport : sa victoire en finale de l’US Open contre Ivan Lendl en 1988, année durant laquelle le Suédois réalisa le petit Chelem* (victoire dans trois des quatre tournois du Grand Chelem).

Au début de sa carrière, le jeu de Wilander se caractérisait par ses inextinguibles patience et régularité sur sa ligne de fond et c’est pourquoi il prévalut dans un premier temps sur terre battue. Puis, il prit conscience que, s’il voulait aussi régner sur les surfaces plus rapides des trois autres levées du Grand Chelem, il devait devenir plus offensif. Il tourna alors progressivement son jeu vers l’avant en renforçant son service, donnant davantage de punch à ses coups de fond de court, acquérant un revers slicé très efficace et travaillant son jeu au filet (approche et volée).

Mats Wilander - (CC) Robbie Mendelson

Mats Wilander – (CC) Robbie Mendelson

C’est ainsi qu’il gagna trois fois l’Open d’Australie, dont deux fois sur herbe – la surface la plus rapide des levées du Grand Chelem même si l’herbe australienne était alors plus lente que celle de Wimbledon** -, et la finale de l’US Open 1988.

Avant celle-ci, Wilander avait perdu six fois d’affilée contre Lendl. A Flushing Meadow, sa mue se révéla payante : le Suédois monta 131 fois au filet – sur 327 points joués – pour écourter les échanges contre un Lendl qu’il savait ne pas pouvoir dominer du fond du court sur le DecoTurf du central de New York. Si le ratio de la finale 1987 entre les montées au filet et le nombre de total de points joués avait été respecté l’année suivante, le Suédois aurait dû monter au filet 67 fois (moitié moins que ce qu’il réalisa) !

Pour vous donner une idée de la mutation accomplie par Wilander, je vous livre les statistiques du jeu au filet de deux des plus grands attaquants du tennis moderne lors de matches comparables (en nombre de points joués et style d’opposant) disputés à l’US Open :

  • lors de sa finale contre Björn Borg en 1980 (qui compta 345 points), John McEnroe – qui se précipitait au filet sur ses premières et secondes balles de service et dès que la plus minime ouverture se présentait – monta au filet 190 fois ;
  • lors de son quart de finale contre Andre Agassi en 2001 (338 points), Pete Sampras monta au filet 137 fois.

L’une des grandes qualités de l’être humain est de pouvoir s’adapter à (presque) tout. Nous avons dans ce domaine des facultés exceptionnelles. Mais nous sommes en revanche beaucoup plus démunis lorsqu’il s’agit de changer.

A la différence des autres joueurs, Mats Wilander ne se contenta jamais d’adapter sa pratique du jeu aux changements de surface en ajustant son jeu de jambes et sa tactique. Il fit évoluer son tennis en profondeur pour devenir plus compétitif.

Il en va de même dans le monde de l’entreprise. Les managers s’adaptent au changement ; les leaders le conduisent.

* En remportant l’Open d’Australie, Roland Garros et l’US Open.

** Laquelle a fort malheureusement été très ralentie ces dernières années par une tonte plus haute et un changement des balles utilisées.

2 commentaires sur “Tennis et management : changer est beaucoup plus difficile que s’adapter”

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Bonjour,
Vos exemples tennistiques m’en rappellent un qui est plus contemporain : Roger Federer en fin de carrière, qui recrute un entraîneur ex-grand volayeur (Edberg) puis se met à monter beaucoup plus souvent au filet dès qu’il le peut, conscient qu’il ne pourra plus tenir face à Nadal ou Djokovic en fond de cours…

Pour rendre au César du tennis ce qui lui appartient, il convient cependant de noter que Roger Federer n’a pas fait évolué sa technique de jeu comme Mats Wilander. Il a toujours été un grand attaquant et volleyeur comme l’ont montré ses premiers succès en Grand Chelem sur surfaces rapides.
Son travail avec Stefan Edberg – comme avec Paul Annacone avant lui – a davantage porté sur l’approche stratégique des matches.
Xophe

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