8 décembre 2014 | Blog, Blog 2014, Management | Par Christophe Lachnitt
Chez Amazon, la culture d’entreprise est plus forte que Jeff Bezos lui-même
Le fondateur et patron du premier site mondial d’e-commerce a pris la parole lors de la conférence Ignition organisée par Business Insider (dont il est d’ailleurs actionnaire).
Il a prodigué deux leçons de management que je vais partager avec vous aujourd’hui et demain.
La première concerne l’importance de la culture au sein d’une entreprise, un thème que j’aborde régulièrement sur Superception.
Interrogé sur le niveau de dépendance d’Amazon à son égard, Bezos mit en exergue la puissance de la culture du Groupe :
“Je peux accomplir des choses au sein d’Amazon qu’il serait difficile pour d’autres personnes de faire – uniquement en raison de mon histoire au sein de l’Entreprise. Au fur et à mesure du développement de celle-ci, mon rôle a énormément évolué.
Ma principale mission, aujourd’hui, est de maintenir la culture d’Amazon, une culture d’exigence, d’excellence opérationnelle, d’inventivité, d’acceptation de l’échec et de volonté de mener des expérimentations très ambitieuses. Je suis le contrepoids qui peut dire ‘oui’ alors que l’institution interne dit ‘non’. Mais je ne serai pas toujours là.
Beaucoup des traits qui font l’originalité d’Amazon sont désormais profondément ancrés dans sa culture. En fait, si je voulais changer la culture du Groupe, je ne le pourrais pas. Si je décidais demain qu’Amazon doit lancer moins de projets pionniers pour davantage suivre ses concurrents, j’échouerais. En effet, la culture d’une entreprise se renforce elle-même au fil du temps“.
Il y a deux ans et demi, j’écrivais à propos de la culture d’entreprise :
“Edouard Herriot disait que la culture est ce qui reste quand on a tout oublié. Appliquée à un sens différent du mot culture, cette citation reste tout à fait pertinente pour le monde de l’entreprise. La culture d’une entreprise, en effet, est ce qui reste à ses collaborateurs une fois qu’ils ont tout oublié : leurs compétences, les projets auxquels ils contribuent, leurs objectifs annuels… Indépendamment des compétences, des projets, des KPIs, la culture est le substrat des relations humaines au sein d’une entreprise. De ce fait, elle influence l’ensemble de son activité“.
Après Apple et Steve Jobs, Amazon et Jeff Bezos nous donnent un exemple du test ultime de la prégnance d’une culture d’entreprise.
Si les valeurs et principes d’action d’une entreprise survivent à la disparition de leur créateur, ils constituaient réellement une culture, c’est-à-dire ce qui reste aux collaborateurs une fois qu’ils ont tout oublié, y compris la présence de leur patron emblématique.
Si ces valeurs et principes d’action disparaissent avec leur initiateur, ils représentaient au mieux le résultat d’une imitation pavlovienne du leader, au pire l’expression d’un management par la terreur.