22 mai 2011 | Blog, Blog 2011, Management | Par Christophe Lachnitt
U2 et votre PDG, même combat !
La musique est l’un des rares langages universels transcendant toutes les divergences de perception. Peut-on en tirer une leçon en termes de management ?
J’ai eu la chance d’assister hier soir au phénoménal concert de U2 à Denver pour le retour du groupe sur le continent nord-américain.
En regardant plus de 80 000 personnes communier au son des Irlandais, je ne pouvais m’empêcher de penser que, décidément, la musique harmonise les différences entre individus. Quelles que soient notre couleur de peau, notre religion, nos opinions politiques et notre avis sur la culpabilité de DSK :-), nous étions réunis dans l’appréciation des mélodies de Bono & Co. Au-delà de différences de perception qui, dans un autre contexte, auraient pu être rédhibitoires quant à notre capacité à tisser des liens, nous avons partagé deux heures et quart de musique comme hors du temps humain normal où nos divergences sont souvent plus fortes que nos concordances.
Emmanuel Kant a écrit que “la musique est la langue des émotions”. De fait, les émotions provoquées par un tel événement musical sont plus fortes que les émotions associées à toutes nos autres perceptions et c’est pourquoi elles permettent aux fans de U2 de dépasser leur altérité. Avec la culture, le sport est certainement l’autre vecteur de convergence humaine le plus efficace – même s’il peut aussi créer des conflits inextinguibles.
Une telle convergence se réalise toujours en fonction de goûts similaires – que ce soit pour une musique ou une équipe sportive. Elle peut aussi se faire autour d’une culture – un excellent exemple étant l’équipe de football de Barcelone (un sujet pour un futur article) – ou simplement d’un passé commun – les habitants d’une ville se retrouvent dans le soutien à leur équipe locale. Naturellement, plus les facteurs de convergence sont profondément ancrés émotionnellement (partager une culture est plus fort que partager un simple goût musical), plus le lien commun est solide. C’était visible hier soir lors de la première partie de U2 qui était assurée par The Fray, un groupe de rock alternatif de Denver.
Il en va de même en management. Les dirigeants d’entreprise doivent se donner pour objectif de créer une dynamique comparable à celle que l’on voit à l’oeuvre dans un concert ou un événement sportif : générer des facteurs de convergence plus puissants que les différences qui animent immanquablement les collaborateurs d’une entreprise. Et, comme pour les fans d’un artiste ou les supporters d’une équipe, plus ces facteurs de convergence sont profondément ancrés émotionnellement, plus la communauté est soudée. Il n’y a donc pas de salut, pour les entreprises qui veulent rassembler leurs collaborateurs autour d’un projet commun, que de s’adresser à leurs émotions.
U2 et votre PDG, même combat !
Juste un détail puisqu’il est aussi question de musique, un de mes sujets d’intérêt. “La musique est l’un des rares langages universels transcendant toutes les divergences de perception.” Je ne partage pas à 100% cette affirmation. La musique n’est pas toujours un langage “universel”. Au minimum, la question n’est pas facile à trancher. En effet, sauf exception, qui d’entre nous, français, occidental, est capable d’écouter et comprendre un concert de musique chinoise ou indienne d’une 1 heure et demie ? Est ce qu’un Zoulou va automatiquement être sensible au (très beau) concerto pour orgue, timbales et cordes de Poulenc ? Pour faire court, l’éducation, la culture et l’environnement de l’individu conditionnent de mon point de vue (au moins partiellement) son degré de sensibilité à telle ou telle musique…
Cher Michel, je suis tout à fait d’accord. La musique transcende naturellement toutes les divergences de perception pour celles et ceux qui aiment la même musique (cf. mon exemple avec U2). Il est évident que tout le monde ne peut pas aimer la même musique. Sinon, d’ailleurs, le monde serait bien triste, n’est-ce pas ? Xophe